Santé – La douleur chronique change notre ADN
Bien que la douleur chronique puisse être le résultat d’une blessure aiguë, dans certains cas la perception de la douleur perdure au-delà de la cicatrisation de la lésion. Les scientifiques se sont demandé pourquoi l’organisme continuait à percevoir de la douleur.
Une équipe de chercheurs, comprenant Moshe Szyf de l’université McGill, a publié un article dans PLoS One qui pourrait répondre à cette question. Il s’agit du premier article à mettre en lien la douleur chronique et les changements épigénétiques dans le cerveau – un processus qui pourrait expliquer pourquoi l’organisme garde le « souvenir » de la blessure. Les changements épigénétiques – des modifications chimiques de l’ADN qui influencent l’expression génétique – peuvent avoir des effets à long terme sur le comportement des gènes et notre bien-être global.
L’équipe de recherche a découvert un mécanisme qui intègre le souvenir d’une blessure directement dans l’ADN de notre cerveau par un processus de revêtement chimique appelé méthylation de l’ADN. La méthylation correspond à l’ajout de groupements méthyles à l’ADN qui laissent une marque sur les gènes et maintiennent le « souvenir » d’une expérience. Ces travaux misent sur une étude antérieure de l’équipe qui a démontré que les expériences elles-mêmes – plutôt qu’un élément tangible comme une substance chimique – peuvent aussi déclencher la méthylation de l’ADN qui entraîne des changements épigénétiques.
« Nous savons que les marques épigénétiques sont éventuellement réversibles, dit le Dr Szyf. En conséquence, cette étude suggère une nouvelle approche pour guérir la douleur chronique en faisant appel à des médicaments qui renversent les marques épigénétiques ou à des techniques comportementales qui pourraient faire la même chose. » Cette étude a été financée par les Instituts canadiens de recherche en santé.