Entretien avec le Dr Gilles Domenech

Indépendentaire : Pour commencer cet entretien, pouvez-vous nous retracer votre parcours professionnel ?

Gilles Domenech : Avant le baccalauréat je souhaitais entreprendre des études médicales et plus particulièrement dans le domaine chirurgical. La longueur du cursus m’en a dissuadé et je me suis tourné vers les études dentaires et la profession de chirurgien-dentiste, profession que j’ai failli ne jamais exercer suite à un remplacement effectué en fin de 4° année (c’était possible à l’époque en cas d’admission en juin) tant le mode de fonctionnement était désastreux et délétère à tous niveaux (jusqu’à 80 patients par jour !). Après cette période cauchemardesque, je décidais de stopper là mes études dentaires et présenter l’école vétérinaire. Après de rudes négociations avec mes parents, que je remercie pour leur soutien et leur lucidité, j’acceptais de terminer ma dernière année, qui fut réconciliatrice, et depuis je n’ai plus quitté la dentisterie. Cet épisode est certainement à la base de mon évolution professionnelle et de mes choix car pour moi : « plus jamais ça ! ». Diplômé en 1972 de la Faculté de Montpellier et après 3 ans de collaboration à Marignane, j’ai créé mon cabinet à Nîmes où j’ai exercé en activité libérale jusqu’en juin 2014. Durant la première partie de mon exercice mon envie de savoir m’a amené à passer différents C.E.S, une thèse de D.S.O et occupé des fonctions d’enseignement, électives et associatives. Contrairement à mes désirs initiaux, ce n’est pas la partie « chirurgicale » de notre exercice qui m’a attiré, mais l’aspect fonctionnel, donc l’occlusion.

Chacun sait que pour devenir un bon praticien, il faut suivre une courbe sérieuse d’apprentissage et surtout avoir des maîtres qui nous guider dans nos choix et la réalisation de nos rêves de carrière. Pouvez-vous pour nous évoquer cette période de votre existence professionnelle ?

G. D. : Il faudrait déjà définir ce qu’on entend par « bon praticien ». Nous devons être conscients qu’un diplôme est essentiellement une validation pour exercer un métier. Ce dernier – en particulier dans notre domaine – est en perpétuelle évolution et tout réside alors dans l’implication et la formation continue que nous incorporons tout au long de notre carrière. Le but est de l’exercer au mieux dans le respect des données acquises de la science et surtout des valeurs humaines. Dans cette quête il est bien évident que la rencontre de certaines personnes est décisive. Difficile de toutes les citer et je m’en excuse, mais je les remercie pour tout ce qu’elles m’ont apporté. Je tiens cependant à rendre hommage à deux « personnages » (je dis bien personnages). Tout d’abord le Professeur J.G. Albouy, alors chef du service de prothèse à la faculté de Montpellier. Il m’a permis d’être enseignant, mais au-delà m’a appris l’émulation, toujours dans l’humilité. Ensuite J.P. Meersseman, docteur en chiropractie de renommée internationale. Cela peut surprendre, mais il est à l’origine de mon évolution sur ma conception actuelle du système manducateur, prenant davantage en compte les données neuro-anatomiques et neuro-physiologiques des fonctions oro-faciales dans une globalité de l’individu.

L’occlusion est votre domaine de prédilection. Vous avez toujours cherché l’intérêt des patients à long terme. Qu’est-ce qui prédomine lors de vos choix ?

G. D. : Votre question reflète bien la confusion qui règne dans l’esprit de bon nombre de praticiens dès que ce domaine est abordé. Je ne porte pas de jugements, mais simplement un constat lors de discussions avec mes confrères. Comment, dans notre exercice, pouvoir établir de diagnostic, élaborer de plan de traitement, reconstituer tout ou partie d’une dent (à plus forte raison plusieurs) sans nous poser en préambule : « l’occlusion du patient est-elle équilibrée ? ». S’il existe un trait d’union entre une grande majorité des pratiques odontologiques c’est bien l’occlusion. Peut-on alors envisager que ce rouage commun et incontournable soit une discipline complexe, hors de portée de l’omnipraticien ? En réalité il faut différencier l’activité de l’occlusodontiste qui va se consacrer plus spécifiquement aux pathologies du système manducateur, de l’omnipraticien dont le souci est d’optimiser dans sa pratique de tous les jours, ses divers actes en maintenant ou en obtenant une occlusion fonctionnelle. Il faut apprendre à démystifier au quotidien l’occlusion, qui ne se maîtrise pas dans le déni, mais dans la connaissance et la méthodologie.

À un moment de votre vie professionnelle, votre route a croisé celle de Fabrice Baudot. Pouvezvous nous parler de cette rencontre et de vos liens d’amitié avec ce praticien hors du commun ?

G. D. : Nous nous sommes rencontrés chez une amie et consoeur, lors d’un dîner, au cours duquel nous avons parlé… dents. Le courant est immédiatement passé car nous avions, entre autres, la même vision de notre exercice. Quelque temps plus tard, Fabrice m’a contacté pour me proposer de travailler ensemble, au départ pour de la formation continue et au final au cabinet, ce qui n’était pas dans mes projets puisque j’avais décidé de cesser mon activité. Sa gentillesse, ses valeurs humaines et professionnelles, les conditions remarquables de travail, une équipe performante ont eu raison de ma décision initiale, ce dont je me félicite. En effet nous collaborons depuis plus d’un an dans une parfaite harmonie, complémentarité et énormément de plaisir. Outre le partage de notre passion professionnelle, une véritable amitié s’est forgée entre nous.

Se former aux…
Troubles fonctionnels de l’occlusion et répercussions systémiques (posturaux, métaboliques, hormonaux…)

S’il existe un trait d’union entre les différentes pratiques odontologiques… c’est bien « l’occlusion » ! Dans notre exercice, quotidiennement, nous ne pouvons pas établir de diagnostic, élaborer de plan de traitement, reconstituer tout ou partie d’une dent ou à plus forte raison plusieurs, sans que nous devions nous poser en préambule la question : l’occlusion du patient est-elle équilibrée ? L’objectif est donc de déterminer si cette dernière correspond à un équilibre physiologique ou si elle est impliquée dans des désordres oraux et/ou à distance même de la bouche.

Pour y parvenir il va falloir respecter une méthodologie d’investigation raisonnée, rationnelle et rigoureuse. Comment un message inapproprié (défaut, excès, déséquilibre…) provenant des divers constituants buccaux, peut-il perturber le fonctionnement du SNC et provoquer des signes aussi variés que déroutants, plus ou moins graves et invalidants ?

La connaissance des données neuro-anatomiques et neurophysiologiques concernant l’appareil manducateur, va permettre l’interprétation et la compréhension des phénomènes physiopathologiques. L’établissement d’une fonction « équilibrée » va être un facteur primordial de pérennisation du projet implantaire. De nos jours, l’épidémiologie dentaire doit être abordée dans un contexte de santé globale, axée sur le dépistage précoce. Cela passe par un examen clinique systématique et complet, en collaboration éventuellement avec d’autres professions médicales et para-médicales complémentaires et inter-dépendantes.

Programme du cours :
• Importance de la fonction occlusale
• Comment évaluer une occlusion dysfonctionnelle
Méthodologie
Démonstration clinique
• Répercussions posturales, métaboliques, hormonales…
• Incidences sur le type d’implants et la prothèse implantaire
• Intérêt de l’harmonisation des relations interdisciplinaires.

Informations
Le 3 décembre 2015 à Montpellier
Dr Gilles Domenech
Contact : Henry Schein Implantologie
Émilie Besnier
Tél. : 06 50 10 29 30 ou 04 67 04 36 00