Le plan était simple, et devait se dérouler sans accroc. Tirer parti du modèle économique d’Amazon en lui vendant des quantités astronomiques de produits non sollicités, que le géant américain était supposé revendre par la suite moyennant une marge.

Mais trois ans et 19 millions de dollars plus tard, la justice les a rattrapés.

Les quatre frères Rapetou ont donc, dès l’automne 2017, ouvert plusieurs comptes sur le service Vendor Central de la plateforme. À l’inverse du marketplace, où le vendeur propose ses produits à la clientèle d’Amazon, le service Vendor Central permet de devenir directement fournisseur de l’entreprise de Jeff Bezos – dont les poches sont bien pleines, comme chacun sait…

Selon les procureurs fédéraux, la fratrie a réussi à modifier le numéro d’identification des articles commandés par le site d’e-commerce afin de lui refourguer des produits différents en quantité nettement plus grande que ce qui était attendu ; pour un total exorbitant, bien plus élevé que celui mentionné sur le bon de commande initial. Une fraude bien connue par Amazon sous le nom de surexpédition.

Par exemple, en août 2018, les combinards ont reçu une commande de douze bidons de spray désinfectant à 94,03 $ l’unité, soit un total de 1 128,36 $. À la place, mais en utilisant le même numéro d’identification, ils ont envoyé 7 000 brosses à dents… À 94,03 $ chacune, la facture a vite grimpé, atteignant 658 210 dollars !

Dans un autre cas, Amazon désirait simplement être livré d’un seul flacon de parfum de créateur d’une valeur de 289,78 $ … Les fidèles grossistes et Cie en ont profité pour expédier 927 tondeuses en plastique au prix unitaire de 289,78 $. C’est si simple !

Oui mais voilà. Les joyeux néo-commerçants ont été pris la main dans le sac et risquent jusqu’à 20 ans de prison pour fraude électronique à Amazon, et 10 ans pour le blanchiment d’argent.