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De nouveaux pans de l’anatomie de la dent révélés par l’imagerie 3D

Dans la dent, entre la dentine et l’émail, il existe une zone transitoire, une jonction. Au cœur de cette dernière, se trouvent des fentes ou rayures que l’on a pu observer en 2D dans le passé. Jusqu’ici, ils avaient été classés par les scientifiques comme une structure secondaire de l’émail. Aujourd’hui cependant, une étude parue dans la revue Archives of Oral Biology démontre que ces fentes sont des structures en trois dimensions.

Au cours de ces recherches, les scientifiques du laboratoire Bioingénierie et Nanosciences d’odontologie de Montpellier ont analysé dix molaires extraites de six hommes et quatre femmes, âgés de 25 à 40 ans. Chaque dent a été étudiée au microtomographe à rayon X, une technique d’imagerie permettant de retranscrire une image en trois dimensions à partir d’un échantillon. Ils ont alors découvert une structure surprenante de buisson d’émail d’une dizaine de micromètres d’épaisseur à l’intérieur de la dent. Ces structures ont été surnommées « draped tufts » ou « buissons drapés » en raison de leur allure régulièrement ondulée et structurée et pourraient expliquer la grande résistance des dents.

L’émail est organisé en prismes aux trajectoires changeantes et non rectilignes, surtout au niveau de la jonction dentine-émail. C’est ce qui permet d’assurer la stabilité de la dent. Ces trajectoires seraient à l’origine de la formation de ces « buissons drapés » qui augmenteraient la résistance dentaire.

« Il sera intéressant de pouvoir regarder si l’on retrouve cela chez d’autres Hominidés »

« Les prismes n’ont pas un parcours en ligne droite jusqu’à la surface de l’émail, ils ondulent, en particulier au début, quand ils sont proches de la dentine. On peut donc penser que ces variations qui donnent lieu à une alternance entre bandes claires et sombres appelées bandes de Hunter-Schreger pourraient être à l’origine des structures mystérieuses “draped tufts” » , déclare Alban Desoutter du laboratoire Bioingénierie et Nanosciences de l’UFR d’odontologie de Montpellier au magazine Sciences et Avenir.

En 2012, rappelle Sciences et Avenir, une étude avait déjà révélé la présence de ces fameux buissons d’émail dans une race de vache. « Nous sommes donc en pleine investigation, et nous espérons pouvoir bénéficier d’un temps de manipulation au synchrotron de Grenoble pour essayer de poursuivre nos recherches. En effet, notre étude a porté sur des fragments de molaires adultes, nous souhaiterions avoir des scans de meilleures résolutions et pas uniquement sur des molaires. Ensuite il sera intéressant de pouvoir regarder si l’on retrouve cela chez d’autres Hominidés, comme le gorille ou le chimpanzé », détaille Alban Desoutter.