La formation continue aux États-Unis
Obligatoire pour les chirurgiens-dentistes français depuis 2016, la formation continue est obligatoire pour leurs homologues américains depuis bien plus longtemps. Aux États-Unis, le praticien doit régulièrement faire renouveler sa licence, selon une périodicité qui varie selon l’État dans lequel il exerce (entre un et trois ans). Pour ce faire, il doit obtenir un certain nombre de crédits Formation continue (CEU) (là encore, cela varie en fonction de l’État), en assistant à des cours, des conférences ou des congrès autour de thèmes cliniques, éthiques ou concernant la gestion des patients. Si les domaines abordés peuvent varier, une constante demeure : le prestataire doit être agréé par le Conseil, le Continuing Education Recognition Program (CERP) de l’American Dental Association ou par le Program Approval for Continuing Education (PACE) de l’Academy of General Dentistry. À la fin de chaque évènement, un certificat attestant de la présence du praticien est délivré et donne droit à un, deux ou trois points.
À titre d’exemple, en Californie le praticien doit renouveler sa licence tous les deux ans, le dernier jour de son mois de naissance. Pour ce faire, il doit décrocher cinquante crédits, avec 25 heures de formation en présentiel au minimum. Au Texas, où le délai pour renouveler sa licence est également de deux ans, il doit pouvoir prouver avoir accumulé 24 crédits et seize heures de formation en présentiel. En Alabama, vingt heures sont requises tous les ans, avec un minimum de dix heures de formation en présentiel. Dans l’État du Wyoming, seize heures doivent être effectuées tous les deux ans. Parmi ces seize heures, trois doivent être liées à la prescription responsable de substances contrôlées.
« Si vous suivez plus de seize heures, tant mieux ! Mais vous ne pouvez pas utiliser ces heures pour votre prochaine période de formation continue », précise le Wyoming Board of Dental Examiners. À New York, l’un des États les plus exigeants en matière de formation continue, la New York State Education Law requiert des dentistes soixante heures tous les trois ans avec un minimum de 42 heures en présentiel.
Facultés, journaux, organisations professionnelles…
Pour récolter leurs crédits, les dentistes disposent de mille et une options. La formation peut être dispensée par des sociétés dentaires locales ou de l’État ou par des organisations dentaires professionnelles, comme l’American Dental Association. Plusieurs journaux dentaires professionnels proposent également des cours de formation continue. Parmi eux, le Journal of the American Dental Association (JADA), le Journal of Dental Education (JDE), le Compendium of Continuing Education in Dentistery, Dental Economics, publication qui se concentre sur les aspects pratiques et économiques de la gestion d’un cabinet, ou encore Dentistery Today.
Mais le moyen le plus ludique de gagner des crédits est sans doute de se rendre aux conventions et congrès annuels des différents organismes dentaires. Souvent organisés dans des endroits agréables, ils sont l’occasion d’échanger avec ses pairs et de découvrir les dernières avancées technologiques du secteur. Parmi les plus connus : l’ADA Annual Meeting, le Greater New York Dental Meeting, l’un des plus grands congrès dentaires au monde, le Chicago Dental Society Midwinter Meeting, qui se déroule, comme son nom l’indique, chaque année à Chicago, ou encore le Yankee Dental Congress. Plus grand congrès dentaire du Nord-Est des États-Unis, il offre une large variété de cours de formation continue et de présentations sur les dernières avancées dentaires. Également très appréciés, le Hinman Dental Meeting, congrès annuel à Atlanta proposant une combinaison de cours et de présentations de produits, et la California Dental Association Present, rassemblement organisé par l’association dentaire de Californie.
Être affilié à une faculté dentaire permet aussi de comptabiliser des crédits de formation. En effet, ces derniers sont généralement accordés aux dentistes qui donnent des cours, des conférences et des séminaires dans des programmes éducatifs reconnus, comme l’École dentaire d’Harvard, à Boston, pour ne citer qu’elle.
Conserver chaque trace de passage en formation
Une fois ces crédits récoltés, le praticien doit soigneusement conserver des traces de son passage en formation. Car au moment de la demande de renouvellement de sa licence, les organismes de réglementation dentaire en vigueur dans l’État où il exerce se réservent le droit d’exiger des preuves vérifiables de formation continue. Certificats de participation, attestation de présence, relevés de crédits… tout doit être soigneusement rangé dans un dossier. Le praticien peut également être tenu de signer une déclaration attestant avoir rempli les exigences de formation continue au moment du renouvellement de sa licence.
Enfin, se pose la question de l’argent. Qui finance cette éducation continue obligatoire ? Si le professionnel peut sortir lui-même de sa poche l’argent à débourser, de nombreuses alternatives ont été mises en place pour encourager les praticiens à se former régulièrement. Les écoles et universités dentaires peuvent financer des programmes de formation continue à partir de frais d’inscription, de subventions de recherche, de dons philanthropiques ou de partenariats avec des organisations de l’industrie dentaire. Concernant les associations dentaires, leurs séminaires et cours de formation continue sont souvent financés par les cotisations des membres et les revenus générés par leurs activités. Il est également fréquent que les entreprises et fabricants soutiennent l’éducation continue en parrainant des évènements, des conférences ou des cours. Pour finir, certains praticiens sont en droit de prétendre à des bourses pour les aider à financer leur formation continue. Celles-ci peuvent venir d’organisations dentaires, d’institutions académiques, de fondations ou de programmes gouvernementaux.