Covid-19 : aux États-Unis, le protocole sanitaire a bien protégé les dentistes
Aux États-Unis, "le taux de prévalence cumulé de l'infection par la Covid-19 chez les dentistes était de 2,6 % en novembre 2020, soit un taux inférieur à celui des autres professionnels de santé de première ligne, notamment les infirmières et les médecins", révèle une nouvelle étude.
Protocole sanitaire, équipements de protection individuelle, aération optimisée, questionnaires patients avant le rendez-vous… toutes ces mesures mises en place dans les cabinets depuis le début de la pandémie ont beau être contraignantes, il semblerait qu’elles aient payé. Selon une étude réalisée par l’Association dentaire américaine (ADA), dont les résultats ont été dévoilés le 24 mai, “le taux de prévalence cumulé de l’infection par la Covid-19 chez les dentistes américains était de 2,6 % en novembre 2020, soit un taux inférieur à celui des autres professionnels de santé de première ligne, notamment les infirmières et les médecins”. En mai 2020, une enquête menée aux États-Unis auprès de ces derniers avait en effet montré que leur taux de prévalence à la Covid-19 était de 29 %.
Dans le cadre de cette étude, réalisée avec Health Policy Institute, les chercheurs ont interrogé 2 196 praticiens du 8 juin au 13 novembre 2020. Les participants étaient répartis sur l’ensemble du territoire américain et exerçaient soit en cabinet privé soit à l’hôpital. Ils ont répondu chaque mois à des questions concernant les tests Covid-19 reçus, les symptômes ressentis et le protocole sanitaire instauré dans leur pratique.
Résultats : 75 dentistes ont déclaré un diagnostic positif à la Covid-19. Dans 23 de ces cas, une agence de santé a réalisé une recherche des contacts. Le cabinet dentaire avait alors été identifié comme source probable d’infection dans deux cas seulement. Ainsi, les taux d’incidence mensuels (ne tenant compte que des nouveaux cas) étaient de 0,2 % à 1,1 %. Et, sur les six mois, le taux d’incidence moyen était de 0,5 %.
“Le secteur des soins dentaires est opérationnel et sûr”
Les soins dentaires avaient été classés au début de la crise comme présentant un un risque élevé de transmission du SARS-CoV-2 en raison de l’aérosolisation générée par certains traitements. C’est pourquoi, au cours de la période sur laquelle s’étendait l’étude, le taux de praticiens effectuant des procédures générant des aérosols est passé de 92,8 % pendant le premier mois à 98,4 % pendant le dernier.
Au moins 99,7 % des dentistes ont par ailleurs déclaré avoir renforcé le protocole sanitaire dans leur cabinet chaque mois. Nombre d’entre eux ont ainsi assuré dépister les symptômes de la Covid-19 chez les patients via un questionnaire avant la prise de rendez-vous et prendre régulièrement la température de leurs équipes. Ils étaient par ailleurs nombreux à désinfecter systématiquement les surfaces et les équipements entre les consultations et à encourager la distanciation sociale. Qui plus est, si le premier mois, seuls 17,6 % des répondants déclaraient changer leur masque entre chaque patient (au début de la crise sanitaire, les stocks d’EPI étaient limités), le taux n’est ensuite jamais descendu en dessous de 25,5 %. Ainsi, les mesures de protection adoptées, semblables à celles prises en France, ont fonctionné malgré les différents pics régionaux ou nationaux.
“Cette étude montre des taux élevés de dépistage des patients avant le rendez-vous et des mesures appropriées de contrôle des infections tout au long de la période d’étude, ce qui démontre que l’adhésion à des protocoles très stricts de contrôle renforcé des infections contribue à protéger leurs patients, leur équipe dentaire et eux-mêmes”, commente donc Marcelo Araujo, président de l’ADA Science & Research Institute, directeur scientifique de l’ADA et auteur principal du rapport. “Nous sommes heureux de constater que les dentistes ont fait preuve d’une faible incidence mensuelle de la maladie malgré plusieurs pics régionaux et nationaux du taux de Covid-19 pendant la période d’étude”, se félicite-t-il.
“Cette étude renforce le fait que le secteur des soins dentaires est opérationnel et sûr”, se réjouit quant à lui l’économiste en chef et vice-président de l’ADA Health Policy Institute. “Cette preuve n’est nulle part plus évidente que par le fait que plus de 90 % des patients interrogés indiquent qu’ils ont déjà consulté un dentiste ou qu’ils le feront bientôt.” Désormais, les auteurs de l’étude prévoient d’approfondir leurs recherches pour mieux comprendre ce qui aide, ou au contraire empêche, les dentistes de porter les EPI conformément aux recommandations sanitaires officielles. Ils comptent également étudier comment les différents niveaux d’utilisation de ces équipements et les procédures de contrôles des infections protègent de la Covid-19.
Des risques très limités
Alors qu’au début de la pandémie, les scientifiques pensaient que les aérosols projetés par la salive des patients pendant les soins dentaires augmentaient le risque de transmission du SARS-CoV-2, il a été prouvé que les risques étaient quasiment nuls. D’après une étude américaine publiée le 12 mai dans le Journal of Dental Research, “les pratiques actuelles de contrôle des infections sont suffisamment robustes pour protéger le personnel et les patients”.
Espérons que ces travaux parviennent à redonner confiance aux patients américains effrayés de tomber malades en se rendant chez le dentiste. D’après un sondage réalisé cet hiver aux États-Unis, un parent sur trois estime que la Covid-19 a compliqué l’accès à des soins dentaires préventifs pour ses enfants. Parmi les raisons évoquées : la fermeture des cabinets dentaires au début de la pandémie, le fait que certains praticiens ont dû se concentrer sur des soins urgents mais aussi le report volontaire de consultations par des adultes inquiets que leur progéniture n’attrape le virus chez le dentiste.