La désinfection de l’air dans les cabinets dentaires
Outre les équipements de protection individuelle, le Dr Éric Lenfant, président de l'URPS chirurgiens-dentistes Auvergne Rhône-Alpes, explique qu’il faut réaliser la désinfection de l’air face au Covid-19.
Dentoscope : Quelles mesures de protection sont mises en place dans le cadre des soins d’urgence bucco-dentaires ?
Dr Éric Lenfant, président de l’URPS chirurgiens-dentistes ARA : Les mesures barrières élémentaires en vigueur dans les services infectieux hospitaliers ne sont pas très éloignées de celles que l’on observe déjà en cabinet. Tant que nous sommes en niveau d’alerte pandémique, il faut des masques FFP2, des charlottes, des gants, des surblouses et des surchaussures. Si vous avez une visière ou des lunettes qui protègent les yeux, vous diminuez considérablement les risques. Les Chinois ont annoncé que sur 140 000 soignants ils n’ont eu qu’un cas de contamination secondaire avec un tel équipement.
Cependant la désinfection doit être beaucoup plus importante entre chaque patient ?
Il y a tout d’abord la protection EPI du praticien. Il y a aussi celle du patient : il est conseillé de lui prendre sa température, de le questionner pour savoir s’il est exposé et a des signes, de lui faire laver les mains avec du gel hydroalcoolique, de lui faire porter un masque avant qu’il se fasse soigner et qu’il réalise un bain de bouche. Ce sont les processus en phase pandémique ; dès que l’alerte sera levée, il sera superflu de les maintenir. Enfin, il y a la désinfection des vecteurs inertes, parmi lesquels les sols et l’aération. Si la salle est bien ventilée et aérée, théoriquement la charge virale est considérablement diluée. Pour la désinfection de l’air on peut aussi utiliser les épurateurs d’air. Il faut enfin engager les praticiens à se faire dépister.
Pensez-vous que le 11 mai la situation épidémique sera moins problématique ?
Il faut être très prudent mais on peut légitimement penser qu’on aura une amélioration dans le courant du mois de juin, ou début juillet. La phase qui va être délicate est celle entre la fin du mois de mai jusqu’à la fin juin où on va devoir continuer à observer une certaine prudence vis-à-vis des risques de contamination.
Les moyens de protection seront-ils en nombre suffisant pour la reprise de l’activité dans les cabinets dentaires ?
Pour le moment, c’est l’inconnu. Dans le cadre de cette pandémie qui touche plusieurs continents, on risque d’avoir une demande importante des États-Unis mais aussi peut-être de la Chine, ce n’est pas à exclure. On aura peut-être quelques difficultés à se fournir en masques FFP2. Cependant les fournisseurs que nous avons contactés nous assurent qu’ils pourront répondre à la demande. Même s’ils procéderont peut-être à des rationnements, ils sont confiants pour la reprise de l’activité.
Vous êtes plutôt optimiste pour la reprise de l’activité dans les cabinets ?
Notre industrie est déjà très forte dans le domaine des équipements de protection. Beaucoup de professions ont fait appel aux fournisseurs dentaires. Dans nos cabinets nous soignons déjà avec des masques, des gants et des visières. Le plus difficile sera passé. La profession a fait preuve d’une grande discipline lorsqu’on lui a demandé de fermer brutalement les cabinets.