Purification de l'air au cabinet : l'aération naturelle, la meilleure solution
Pour diminuer les risques de transmission du SARS-CoV-2 par les aérosols provoqués pendant les soins dentaires, il est indispensable d'aérer, au moins 15 minutes entre chaque patient. Vous pouvez ensuite filtrer l'air par un dispositif équipé de filtres HEPA.
Chacun le sait, les soins bucco-dentaires génèrent des aérosols, possiblement vecteurs de transmission de pathogènes comme le virus SARS-CoV-2 à l’origine de la Covid-19. C’est pourquoi, l’institution publique Réseau de prévention des infections associées aux soins (Repias) et la société spécialisée dans la promotion de l’hygiène dans les soins SF2H ont publié le 15 mars une fiche intitulée “Covid-19 et traitement de l’air en cabinet de chirurgie dentaire”. Pour diminuer les risques de transmission du SARS-CoV-2, rien ne vaut une aération naturelle pour renouveler l’air, dans l’idéal complétée d’une filtration par un dispositif équipé de filtres HEPA de classe minimale H13 selon la norme EN 1 822-1, “installés de façon parfaitement étanche”.
En identifiant au préalable du rendez-vous un patient à risque et en utilisant un bain de bouche antiseptique avant chaque soin, il est possible d’éviter la production d’aérosols contaminés par le SARS-CoV-2, rappellent les experts. Il est également possible de limiter la quantité d’aérosols générés en diminuant la quantité d’eau dans les porte-instruments dynamiques ou en utilisant des contre-angles bague rouge plutôt que la turbine. Pour limiter les risques, il est également recommandé de capter au plus près du soin les aérosols produits, via une aspiration chirurgicale. Mais surtout, pensez bien à renouveler l’air de la salle de soins autant que possible. Car, “après un acte générateur d’aérosols, même si les trois premières étapes sont respectées, la présence d’aérosols contaminés en suspension dans la salle de soins reste possible”.
Une aération de 15 minutes
En période de Covid, “ce qui est très particulier, c’est quand on génère des aérosols car ils sont des possibilités de transmission du virus. En temps normal, ce n’est pas grave, mais là on ne peut pas se le permettre. Entre deux consultations, il faut donc ouvrir les fenêtres. C’est un petit peu compliqué car cela prend du temps et qu’en ce moment, il fait froid, mais c’est la meilleure des solutions pour faire entrer un air propre dans le cabinet.”, expliquait déjà Philippe Rocher, président de la Commission des dispositifs médicaux de l’ADF, à /dentaire365/ au mois de janvier.
Pour obtenir un renouvellement d’air suffisant, une aération (possible pendant les phases de bionettoyage) de 15 minutes est nécessaire, précisent aujourd’hui les experts. “Cependant, ce temps repose sur beaucoup de paramètres (volume de la pièce, surface de la fenêtre, températures intérieure et extérieure…) qui peuvent varier en fonction des cabinets ou de la météorologie”, détaillent-ils.
Pour s’y retrouver, les auteurs conseillent de placer un détecteur de CO2 dans la pièce. Le renouvellement de l’air sera obtenu quand la concentration en CO2 dans la pièce se rapprochera de la concentration en CO2 de l’air extérieur (comprise entre 400 et 450 ppm de CO2). Mais pour eux, la meilleure solution pour conserver un apport d’air neuf en continu est de garder une “fenêtre ouverte en oscillo-battant”.
Pour aller encore plus loin, vous pouvez compléter l’aération par un dispositif de traitement de l’air. L’apport de l’air neuf peut être réalisé par une Centrale de traitement de l’air (CTA) qui renouvellera l’air et le traitera par filtration. Toutefois, les cabinets sont rarement équipés de ce genre de dispositifs et le plus souvent les praticiens utilisent des épurateurs d’air mobiles. Or, ces derniers “ne peuvent en aucun cas se substituer aux apports d’air extérieur. Ils ne doivent donc être utilisés que comme compléments aux systèmes de ventilation”, alertent les experts.
Un entretien régulier du dispositif à filtres HEPA
En complément de l’aération nécessaire, seuls les appareils équipés de filtres HEPA de classe minimale H13 selon la norme EN 1 822-1 installés de façon parfaitement étanche “permettent d’arrêter efficacement les aérosols susceptibles de véhiculer le virus”. Et ce, “à condition d’un entretien régulier suivant les préconisations du fournisseur”. Outre le changement périodique des filtres, “il est nécessaire de s’assurer que ces dispositifs sont adaptés au volume de la pièce dans laquelle ils sont disposés”.
Il est suggéré d’avoir un taux minimum continu de 2 à 3 renouvellements/heure et, si possible, de le positionner sur la vitesse la plus élevée pendant la phase de génération des aérosols (à adapter au type d’appareil, aux nuisances occasionnées et aux recommandations du fabricant).
Évitez également les appareils qui utilisent une méthode physico-chimique de traitement de l’air (catalyse, photocatalyse, plasma, ionisation, ozonation, charbons actifs…). “Non seulement leur efficacité vis-à-vis des virus n’est pas prouvée, mais suite à une dégradation de polluants parfois incomplète, ils peuvent impacter négativement la qualité de l’air intérieur par la formation de composés potentiellement dangereux pour la santé, y compris des agents chimiques CMR (cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction)”, est-il écrit.
Pour finir, les lampes qui émettent des rayonnements UVC sont aussi à proscrire. En effet, ces outils produisent de l’ozone, qui peut être toxique en cas d’inhalation, peuvent abîmer les yeux ou la peau ou encore entraîner une détérioration des produits de désinfection à base de chlore. Un phénomène qui peut provoquer des composés secondaires possiblement toxiques pour la santé.