RAC 0 : 52 % de recours au 100% Santé en dentaire
Sur l'ensemble de l'année 2020, le recours aux offres "100% Santé" a représenté 52% des actes réalisés en dentaire, un succès, a-t-on appris lors du bilan présenté à la Commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale, le 26 mai.
“Sur l’année 2020, le panier 100 % santé a représenté 52 % des actes réalisés en dentaire soit un pourcentage bien supérieur à l’objectif qui était de 40 %.” Selon un bilan présenté à la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale le 26 mai, le recours aux offres 100 % Santé (RAC 0) est un “succès” dans le domaine du dentaire. Cette réforme aurait également très bien pris dans l’audioprothèse. Beaucoup moins dans le domaine de l’optique.
“En dentaire, le reste à charge moyen sur les couronnes 100 % céramo-métalliques était de 135 euros en 2016. Aujourd’hui, il est nul pour le 100 % santé, 160 euros pour le panier modéré et de 170 euros pour le panier libre”, déclare le député MoDem Cyrille Isaac-Sibille, qui suit cette réforme depuis deux ans.
En février, la plateforme assurantielle Carte Blanche avait publié un communiqué sur le sujet, basé sur près de 2 millions de prises en charge effectuées au sein de son réseau en 2019 et 2020. D’après ce dossier, en 2020, le RAC 0 aurait été beaucoup plus utilisé pour les dents visibles (87 % des prises en charge contre 68 % en 2019) que pour les postérieures (16 % contre 8 % en 2019). En cause : les patients avaient le choix entre les paniers de soins et les remboursements n’étaient pas les mêmes en fonction du matériau employé. « Le panier 100 % Santé intègre du céramo-métallique et de la zircone pour les dents de devant, constatait le réseau. La volonté était de privilégier l’esthétique. Cela n’est pas le cas pour les molaires : le panier 100 % Santé ne prend en compte que le métal. La dynamique du reste à charge dans le secteur dentaire est d’abord le fait de la réglementation et du rapport existant entre chaque patient et son chirurgien-dentiste », expliquait alors Carte Blanche.
Quels auraient été les comportements hors Covid ?
Aujourd’hui, le rapporteur Cyrille Isaac-Sibille s’interroge sur le renoncement aux soins. Si la réforme pourrait avoir un “impact important dans la lutte contre le non-recours aux soins”, il est encore trop tôt pour l’assurer. Pour rappel, l’objectif affiché de cette réforme était de “répondre à une exigence sanitaire et sociale”.
En effet, “il faudra attendre sans doute un ou deux ans les enquêtes de la Drees” (département des statistiques du ministère de la Santé), répond Franck Von Lennep, directeur de la Sécurité sociale. Pour ce qui est des prothèses dentaires on aura besoin de “plus de recul”, l’année 2020 étant extrêmement difficile à lire. “Elle n’est pas représentative de ce que seront les comportements des assurés. On ne sait pas quels auraient été leurs comportements hors Covid en 2020.”
“Une activité de soins dentaires très difficile à lire en 2020”
C’est pourquoi, même si l’on a vu en 2020 “une baisse des renoncements aux soins liés au dentaire de l’ordre de six points”, ce premier élément est à prendre “avec beaucoup prudence, renchérit Thomas Fatome, directeur général de la Caisse nationale de l’Assurance maladie.
“Du fait de la crise et du premier confinement, les honoraires totaux des dentistes ont baissé de plus de 7 % en 2020 et les dépenses de remboursement de l’assurance maladie pour les honoraires dentaires ont baissé de 13 % avant mise en place du dispositif d’indemnisation de perte d’activité”, explique-t-il. Et de poursuivre : “En réalité on a une activité de soins dentaires très difficile à lire en 2020. Les comportements des assurés en termes de rattrapage de soins et des professionnels sont quasiment impossibles à lire. Est-ce que les soins conservateurs ont commencé à progresser ? Il va falloir regarder les chiffres 2021 de très près.”
Enfin, concernant les personnes sans complémentaire santé (4 %), qu’elles ne soient pas couvertes par leur employeur ou qu’elles soient sans activité, la réforme du RAC 0 est également un élément positif, assure l’Assurance maladie. Mais, si elle semble pour l’heure avoir du succès, son coût pourrait “être supérieur à ce qui avait été anticipé”, avance Franck von Lennep. Ce surcoût pourrait être pris en charge par les complémentaires, propose Cyrille Isaac-Sibille. À suivre…