« Anticiper la prothèse dentaire de demain »
Responsable du comité scientifique du Dental Forum, Robert Manière présente les nouvelles orientations des laboratoires de prothèse dentaire, au cœur du programme du congrès Dental Forum.
Dentoscope : Le thème de votre congrès est : Vers de nouveaux horizons. Quels sont les nouveaux horizons des prothésistes et de la prothèse dentaire?
Robert Manière : Nous voulons lors de ce congrès Dental Forum renouer des liens forts entre les acteurs de la profession. Un autre axe du congrès est l’anticipation des nouvelles techniques et les différentes législations sur les matériaux que nous utilisons. Au travers de tables-rondes, des échanges auront lieu pour anticiper la prothèse dentaire de demain. Nous parlerons aussi du numérique, nouvel horizon pour la prothèse, une transition qui nous fait passer d’un métier qui, tout en restant manuel, évolue avec l’apport de la CFAO.
Qu’est-ce qui a changé avec le RAC 0 ?
Un afflux important de prothèses pour les laboratoires. Auparavant, beaucoup de personnes n’avaient pas les moyens de se payer des prothèses dentaires. Avec le reste à charge zéro, elles sont désormais abordables pour une majorité de la population française. Le volume de prothèses réalisé dans les laboratoires est en augmentation depuis le 100 % santé.
Quels changements interviennent en matière de législation ?
À l’avenir, l’utilisation du chrome-cobalt qui est potentiellement cancérogène, pourrait être interdit. Il devrait être remplacé par d’autres matériaux et les sociétés sont en en train de préparer cette transition du chrome-cobalt vers des matériaux de substitution, comme le PEEK, le titane, ou des matériaux fibrés.
La pandémie a-t-elle fait évoluer la relation entre les laboratoires et les chirurgiens-dentistes ?
Oui, car on constatait avant la pandémie un pourcentage très élevé d’importation de prothèses des pays à bas coût. Mais avec les problèmes de transports dus à la crise sanitaire, les praticiens se sont rapprochés des laboratoires de proximité.
Quelle est l’avancée du numérique dans les cabinets ?
Beaucoup de laboratoires sont dotés de scanners. Moins de laboratoires sont équipés d’une usineuse. Les dentistes ont fait l’acquisition de caméras pour prendre les empreintes. Le laboratoire a dû aussi investir dans des imprimantes pour réaliser les modèles en résine.
Deux conférences sont axées autour de l’impact du métier sur sa vie. Pourquoi avoir choisi de développer ce thème ?
La profession de prothésiste dentaire est méconnue du grand public, nous n’avons pas de reconnaissance de sa part et certains le regrettent. Reste que nous apportons tous quelque chose à la profession et que celle-ci nous le rend. C’est le cas par exemple des ouvriers de France qui participent à des concours et y présentent de beaux travaux. Nous bénéficions de formations enrichissantes, comme les certificats d’études professionnelles supérieures. Une autre conférence est axée sur un mot désormais courant dans la sphère professionnelle : le burn out. Nous avons subi comme tout le monde cette pandémie. Certains se sont peut-être sentis isolés dans leur laboratoire, avec le développement des rendez-vous en distanciel. Comment travailler en harmonie, évoluer, échanger, faire des formations sera un sujet développé lors du congrès.
Comment évolue le label « Je choisis le sourire Made in France », lancé il y a quelques mois ?
Ce label a été lancé conjointement par les meilleurs ouvriers de France, l’UNPPD et l’Association des prothésistes dentaires. Plus de 500 laboratoires ont reçu à ce jour le label et sont répertoriés sur le site : lesprothesistesdentairesfrancais.fr. Ce mouvement a pour but d’accentuer la dynamique d’une prothèse dentaire d’excellence en France et pour lutter contre les laboratoires d’importation. J’ai rencontré des praticiens enchantés de cette opération qui ont apposé les affiches réalisées pour promouvoir le label dans leur salle d’attente. Cela rassure le patient. Au-delà de la traçabilité de nos prothèses, nous fournissons une carte personnalisée : un certificat pour le praticien qui spécifie l’origine de la prothèse qu’il pose à son patient. Sont exclus de ce label les laboratoires qui font fabriquer en sous-traitance à l’étranger, ou les laboratoires d’importation.