Chirurgien-dentiste, une profession en croissance, plus jeune et féminine
D'après une étude de la Drees publiée le 26 mars, le nombre de chirurgiens-dentistes devrait augmenter jusqu'en 2050. La profession est aujourd'hui plus jeune et féminine.
D’après une étude de la démographie de quatre professions médicales publiée par la Drees le 26 mars (direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du ministère de la Santé), le nombre de chirurgien-dentiste devrait continuer à augmenter jusqu’en 2050. En revanche, en médecine générale, le rapport met en lumière un constat inquiétant. La densité de généralistes devrait poursuivre son déclin en France jusqu’à un « point bas en 2028 », soit 5 % de moins que maintenant. Elle ne devrait retrouver son niveau actuel qu’en 2035.
Au 1er janvier 2021, la Drees recensait 42 000 chirurgiens-dentistes de moins de 70 ans en activité (soit + 4,8 % depuis 2012). Cette hausse s’explique par l’augmentation en 2012 du numerus clausus en dentaire (+100), entraînant un afflux de diplômés sur le « marché ». L’arrivée de praticiens diplômés d’autres pays d’Europe en France joue également beaucoup. « Le nombre de chirurgiens-dentistes français en exercice, diplômés hors de France mais en Europe, a explosé entre 2012 et 2021, passant de près de 350 à quasiment 2 000, soit une multiplication par près de 6 », note la Drees. Les praticiens de nationalité étrangère détenant un diplôme européen sont quant à eux désormais plus de 3 300, soit presque 5 fois plus qu’en 2012.
Autre observation intéressante : la profession s’est rajeunie et féminisée. En effet, l’âge moyen d’un chirurgien-dentiste est aujourd’hui de 45,8 ans (-2,4 ans depuis 2012). Par ailleurs, alors que les femmes ne représentaient que 40 % des effectifs à l’époque, elles sont à l’heure actuelle de plus en plus nombreuses (48 %). Ainsi, en 2021, les praticiens de plus de 50 ans sont surtout des hommes, tandis que la moitié des dentistes âgés de 45 à 49 ans sont des femmes. Dans la tranche d’âge 30-34 ans, la féminisation atteint même près de 55 %.
De plus en plus de salariat
Chez les chirurgiens-dentistes, la Drees remarque également une hausse du salariat. Si près de 80 % des praticiens exercent une activité exclusivement libérale, depuis 2012, cet exercice s’accompagne davantage d’une activité salariée (7 % en 2021 contre 4 % à l’époque). « Les jeunes sont les plus nombreux à faire ce choix de mode d’exercice : 12 % des chirurgiens-dentistes ayant une activité mixte ont moins de 30 ans et 42 % ont moins de 40 ans. Inversement, 45 % de ceux ayant une activité exclusivement libérale ont plus de 50 ans », explique le rapport. En 2021, 13 % des chirurgiens-dentistes exercent en tant que salariés dans des établissements non hospitaliers, contre 8 % en 2012. Parmi eux, 83 % travaillent en centre de santé. Là encore, la répartition entre les modes d’exercice est marquée selon le genre, les femmes ayant plus tendance à être exclusivement salariées.
Enfin, concernant la répartition démographique des praticiens, on n’observe pas de changement notable. Ils restent plus nombreux dans la moitié sud du pays (exception faite de la Corse) et particulièrement présents en PACA (86 praticiens pour 100 000 habitants). Dans la moitié nord, ils exercent surtout en Île-de-France, en Bretagne et dans l’Est (Alsace et Lorraine).
En partant du principe que la législation et le comportement resteront les mêmes, « le modèle de projection des effectifs de chirurgiens-dentistes montre une croissance soutenue des effectifs jusqu’en 2050 (+ 46 % par rapport à 2021), qui se décline en une hausse des effectifs de libéraux comme de salariés », note la Drees. En tenant compte de la croissance et du vieillissement de la population, cette démographie évoluerait toutefois plus modérément (+39 % entre 2021 et 2050). Globalement, la croissance des effectifs devrait être portée par l’arrivée de chirurgiens-dentistes diplômés à l’étranger. « Sous cette hypothèse, il y aurait, en 2050, 5 % de chirurgiens-dentistes de plus qu’aujourd’hui en activité », conclut le rapport.
Moins de médecins généralistes
Pour ce qui est des sages-femmes, la Drees prévoit une croissance à un rythme modéré des effectifs jusqu’au milieu des années 2040, avant d’amorcer un léger recul. « À l’horizon 2050, les effectifs progresseraient de 24 %. Le nombre de sages-femmes salariées resterait stable (+1 % sur la période), tandis que l’exercice libéral ou mixte continuerait à progresser (+70 % sur la période) », indique la Drees, rappelant que la profession est pour l’heure essentiellement féminine et jeune.
Au niveau des médecins généralistes, les effectifs de professionnels en activité de moins de 70 ans sont pour l’heure globalement stables (environ 215 000). La baisse du nombre de généralistes est en effet compensée par la hausse du nombre de spécialistes, notamment en raison de l’arrivée importante de médecins diplômés à l’étranger. Mais si les effectifs totaux sont stables depuis 2012, la densité médicale a toutefois baissé de 2,2 % depuis cette époque, passant de « 325 à 318 médecins pour 100 000 habitants » à cause de l’augmentation de la population. Et, ces prochaines années, « sous l’hypothèse de comportements et de législations constants », elle devrait continuer à diminuer pour finalement retrouver son niveau actuel au milieu des années 2030 et repartir à la hausse (+23 %) en 2050.
Prévoir le flux des étudiants en Santé
Pour finir, au 1er janvier 2021, 72 200 pharmaciens de moins de 70 ans étaient en activité, note la Drees. Les effectifs ont augmenté de 2012 à 2016 pour ensuite diminuer jusqu’en 2021. Sur cette période, la composition de la population n’a pas changé. Les deux tiers des pharmaciens sont des femmes et la moyenne d’âge des professionnels en âge de travailler est d’un peu plus de 46 ans. La Drees prévoit pour cette catégorie une baisse légère des effectifs jusqu’en 2027 (-2 % de pharmaciens inscrits à l’Ordre par rapport à 2021). Devrait s’ensuivre une hausse (+ 12 % par rapport à 2021 à l’horizon 2050).
Fin mars, une Conférence nationale de santé doit se tenir afin d’élaborer des propositions d’objectifs quinquennaux de formation pour les étudiants. Ceux-ci devraient aider les universités à ajuster, avec le concours de l’ARS, le nombre d’admis dans chaque filière en fonction des besoins territoriaux et de l’évolution des professions. Succédant au numerus clausus national, un « numerus apertus » aura pour but de déterminer les flux d’accès aux études de santé de façon plus flexible et anticipée.