bannière suresmile 990 x 122 px

Covid-19 : pas de trace du SARS-CoV-2 dans la salive en aérosols 

Selon une récente étude américaine, le risque de transmission du SARS-CoV-2 par les aérosols projetés par la salive des patients lors des soins dentaires est "modérément faible". Et ce, même chez les patients porteurs du virus. 

Par Raphaëlle de Tappie, publié le 19 mai 2021

Covid-19 : pas de trace du SARS-CoV-2 dans la salive en aérosols 

Le 11 mars 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qualifiait la Covid-19 de pandémie. Une semaine plus tard, la France était confinée et les cabinets dentaires fermés. Nous ignorions alors quasiment tout du mode de transmission du SARS-CoV-2, virus à l’origine de la maladie, et craignions qu’il ne se soit véhiculé par les aérosols générés lors des soins. Il n’en est pourtant rien, assurent les auteurs d’une étude américaine publiée le 12 mai dans le Journal of Dental Research. D’après eux, le risque est modérément faible et « les pratiques actuelles de contrôle des infections sont suffisamment robustes pour protéger le personnel et les patients ».

Pour en arriver à cette rassurante conclusion, les chercheurs ont analysé les origines microbiennes des aérosols produits pendant les traitements de 28 patients. Ces soins (15 détartrages, 10 poses d’implant et 3 restaurations prothétiques) avaient été réalisés dans l’Ohio entre le 4 mai et le 10 juillet 2020. Soit, peu après la réouverture des cabinets dentaires aux États-Unis. Pour rappel, le 16 mars 2020, l’American Dental Association avait demandé à 198 000 dentistes exerçant dans le pays de fermer leurs portes aux patients.

Aucune trace du virus, même dans la salive des patients malades

Les patients de l’étude n’avaient pas été testés à la Covid-19 avant les soins. Ils ont été soignés par cinq praticiens et assistant(e)s différents dans deux salles d’opération fermées, d’une taille d’environ 10 mètres carrés. Entre chaque patient, la pièce était aérée.

Résultats des tests : 78 % du microbiote a été attribué aux produits d’irrigation dentaire (eau ou solution saline pour les implants). La salive contribuait quant à elle à une médiane de seulement 1 % de ce microbiote en aérosols. Encore plus rassurant : aucune trace du virus SARS-CoV-2 n’a été retrouvée dans les aérosols générés par des patients malades mais asymptomatiques (les symptomatiques avaient été exclus de l’étude). Y compris pour la personne dont la charge virale du test salivaire était la plus élevée.

Des précautions solides

Selon les chercheurs, ces résultats positifs seraient notamment dus aux précautions prises depuis bien longtemps par les chirurgiens-dentistes : utilisation d’embouts de protection, stérilisation systématiques du matériel, aération régulière de la salle de soins… D’autant plus que la crise sanitaire a renforcé ces protocoles avec un impératif d’aération encore plus strict, de nouveaux systèmes de ventilation, un équipement supplémentaire d’aspiration d’aérosols ou des pauses entre les patients pour désinfecter le cabinet.

« Lorsque des mesures de contrôle des infections sont utilisées, telles que les bains de bouche préopératoires et l’évacuation intra-orale à haut volume, le traitement dentaire n’est pas un facteur d’augmentation du risque de transmission du SRAS-CoV-2. Les pratiques standard de contrôle des infections sont suffisamment capables de protéger le personnel et les patients contre une exposition à des agents pathogènes potentiels », écrivent donc les chercheurs.

« Ces informations sont d’une urgence immédiate, non seulement pour une reprise sûre des soins dentaires pendant la pandémie de Covid-19 en cours, mais aussi pour permettre une sélection fondée sur des preuves de l’équipement de protection individuelle et des pratiques de contrôle de l’infection à un moment où les ressources sont limitées et où l’équipement de protection individuelle doit être priorisé », concluent-ils, admettant toutefois la « petite taille de l’échantillon ».

« C’est l’eau des équipements qui provoque la présence de bactéries »

« Ces résultats devraient nous aider à ouvrir nos pratiques, à nous sentir en sécurité dans notre environnement et, pour les patients, à traiter leurs problèmes bucco-dentaires, espère Purnima Kumar, autrice principale de l’étude et professeure en parodontologie à l’Université d’État de l’Ohio. De plus en plus d’éléments montrent qu’une mauvaise santé bucco-dentaire rend plus vulnérable face à la Covid-19.”

En février, une étude réalisée par la Fédération européenne de parodontologie (EFP) avait notamment montré que les patients souffrant de parodontite auraient plus de risques de subir des complications s’ils attrapent la Covid-19.

Si « les chirurgiens-dentistes et leurs équipes ont toujours été à la pointe de la lutte contre les bactéries », au début de la pandémie, « ils ne se sentaient bien sûr pas en sécurité, parce qu’ils étaient en première ligne avec les aérosols, poursuit Purnima Kumar. J’espère qu’ils seront rassurés parce que lors des actes, c’est l’eau des équipements qui provoque la présence de bactéries. Ce n’est pas de la salive. Le risque de propagation de l’infection n’est donc pas élevé.”

Une fois les soins terminés, le patient doit cependant s’empresser de remettre son masque. Le risque de transmission du virus est en effet bien plus élevé s’il parle, tousse ou éternue dans le cabinet dentaire.