Être chirurgien-dentiste, le secret pour être heureux ?
D'après un récent sondage canadien, la profession de chirurgien-dentiste est celle qui rend le plus heureux (les Canadiens).
Le métier des gens heureux ? Au Canada, la profession de chirurgien-dentiste caracole en première place du podium de » l’indice du bonheur au travail « , rapportait le Journal du Québec le 5 septembre. C’était déjà le cas en 2019.
Pour son enquête, Léger, l’équivalent canadien de l’Ifop, a demandé au mois de juillet à 14 363 Canadiens de 18 ans et plus de classer entre 1 et 10 (10 pour « fortement d’accord », 1 pour « en désaccord ») quinze éléments dans leur environnement professionnel. Parmi eux, l’équilibre entre travail et vie de famille, l’état de santé, la reconnaissance du métier dans la société, l’inquiétude face à l’avenir, la charge de travail, la rémunération ou encore l’évolution de la profession.
Résultat des courses : avec un indice de 85,12 sur 100, chirurgien-dentiste est la profession qui rend les Canadiens les plus heureux. Ainsi, en dépit des nombreux bouleversements entraînés par la crise sanitaire, les chiffres n’ont pas beaucoup bougé depuis 2019 (cette année-là, l’indice de bonheur des praticiens avait été évalué à 86,42). Force est aussi de constater que les sondés les plus contents de leur sort étaient ceux qui travaillaient en indépendant. Sans surprise il semblerait que l’argent pèse également dans la balance. « Les personnes ayant un salaire de plus de 80 000 $ canadiens annuellement (53 772 €) se déclarent souvent heureuses dans leur métier que celles qui moins de 40 000 $ (26 886 €) », souligne le Journal du Québec.
En France, la situation est moins rose
Selon Patrick Ouimette, chirurgien-dentiste interrogé par le quotidien régional, c’est une combinaison de « plusieurs facteurs » qui rend les praticiens si heureux. Un savant mélange d’évolutions technologiques, de contact humain avec les patients et, bien sûr, la possibilité de travailler avec ses mains. Par ailleurs, « le niveau de confiance de la population envers les dentistes est quand même grand. De cette façon, je pense qu’il y a une reconnaissance de la population sur notre capacité à offrir des soins », assure Patrick Ouimette, qui exerce depuis 1998.
En France, les choses ne sont toutefois pas si roses. En 2018, d’après une enquête réalisée par le Conseil national de l’Ordre des chirurgiens-dentistes, 2 378 praticiens se déclaraient en situation d’épuisement professionnel sur les près de 6 800 qui avaient répondu à cette étude. « Face à ce séisme, le Conseil national a décidé de proposer une première réponse d’urgence afin de venir en aide aux praticiens en détresse. Il s’agit d’intégrer notre profession à une plateforme téléphonique commune à toutes les professions de santé à destination des praticiens qui lâchent prise. D’autres solutions de fond devront émerger pour répondre aux facteurs de stress qui sont aujourd’hui parfaitement bien identifiés. Il y a urgence », déclarait alors le président Gilbert Bouteille dans la Lettre de l’Ordre parue en avril 2018.
« Il y a une pression de plus en plus importante de la part des patients qui deviennent des consommateurs de santé. Ils veulent du résultat et n’hésitent pas à engager des poursuites quand ils n’obtiennent pas le résultat qu’ils souhaitent. C’est plus particulièrement vrai chez les dentistes, où il y a une connotation financière qui est très élevée, beaucoup plus que chez les médecins (…) Les dentistes sont exposés à un stress très intense car ils sont tout le temps confrontés à la douleur et aux plaintes des patients. Leurs actes sont de plus en plus minutieux et précis et sans rémunération correcte correspondante pour les soins. », témoignait en juin 2020 Bertrand Antony, ancien praticien et auteur de Total burn-out : Comment réussir son échec dans une interview pour le site partagetonburn-out.fr
Qu’est-ce que le burn-out ?
D’après la Haute autorité de Santé (HAS), le syndrome d’épuisement professionnel se traduit par un « épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel ».
Pour l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), il se caractérise par l’épuisement émotionnel (le sentiment d’être vidé de ses ressources émotionnelles), la dépersonnalisation ou le cynisme (insensibilité au monde qui nous entoure, déshumanisation de la relation à l’autre, vision négative du travail) et le sentiment de non-accomplissement personnel au travail (dépréciation des résultats, impression de gâchis…).