Insolite : le musée du cure-dent ferme ses portes
Une exposition éphémère, sobrement intitulée « le Musée mondial du cure-dent », était consacrée à cet ustensile du quotidien, à l’efficacité bucco-dentaire si souvent discutée.
Vous ne le saviez probablement pas, mais Laval, chef-lieu de la Mayenne, est devenu l’espace de quelques jours la capitale planétaire du cure-dent. Ou plutôt de ce qu’il aurait pu être dans un univers parallèle !
Pourquoi Laval ? Parce que la cité mayennaise est la ville natale d’Alfred Jarry, précurseur du surréalisme et fondateur de la pataphysique, cette « science des solutions imaginaires » … Or, il se trouve que l’auteur d’Ubu Roi aurait réclamé un cure-dent sur son lit de mort ! L’occasion était toute trouvée pour cultiver le souvenir du poète, et redonner des lettres de noblesse à un outil dont l’existence même est désormais menacée par la brossette interdentaire.
Dignes représentants du théâtre de l’absurde, les créateurs de l’évènement ont conçu « une collection authentiquement fausse et réellement imaginaire » de plus de soixante-dix cure-dents, tous plus loufoques les uns que les autres. Mauvaise nouvelle, l’exposition a refermé ses portes le 30 juin dernier. Voici ce que vous avez manqué.
Anthologie du cure-dent
Entre les utilitaires, les ludiques, les décoratifs, le monde du cure-dent fantaisiste est vaste. Inventaire à la Prévert des pièces les plus remarquables.
Le cure-dent intégré au filtre de cigarette, pour prendre soin de sa santé bucco-dentaire tout en la détruisant plaira très certainement aux chirurgiens-dentistes. Fixé au milieu d’un masque, la version anti-covid devrait également retenir leur attention. Malheureusement, pas de FFP2 à l’horizon. Un point à améliorer pour une future édition.
Plus technique est le « Souflopyr » monté sur une pompe… « Le résidu s’incruste, se bétonne, un simple cure-dent ne peut pas faire l’affaire. Vous pouvez perdre votre cure-dent préféré, là avec le Souflopyr, il y a un système de pressez-poussez qui va désintégrer le résidu et l’évacuer dans l’arrière gorge », a (brillamment) expliqué au Dauphiné Libéré, Claudine Orvain, l’initiatrice de la collection.
Le modèle de la « mariée », élégant dans son camouflage en « dent’elle » blanche permettra quant à lui de rester présentable en retirant en toute discrétion le morceau de persil récalcitrant. On ne badine pas avec le plus beau jour de sa vie !
De là à dire que la place de ce petit instrument de la vie de tous les jours est au musée, il n’y a qu’un pas… À vous de décider !
Musée éphémère au théâtre de l’échappée