Les prothésistes en congrès à Montpellier

Le congrès de l’Union nationale patronale des prothésistes dentaires (UNPPD) se tiendra les 21 et 22 juin au Corum de Montpellier. Baptisé pour l’occasion Sourires méditerranéens, il rassemblera les prothésistes dentaires autour de conférences techniques et d’une exposition où des sociétés de l’industrie dentaire présenteront leurs produits et équipements. Des conférences exposeront les sujets qui intéressent les professionnels de la prothèse. La nouvelle convention dentaire fera ainsi l’objet d’une table ronde, en présence du président des Chirurgiens-dentistes de France, le Dr T.S.

Nouveaux matériaux

Steve Pasquier présentera ses conceptions de design des structures pressées, de la facette à l’unitaire, ainsi que les restaurations plurales et complètes en zircone sur implant. Phillippe Pisseloup exposera la technique des doubles couronnes, solution avantageuse surtout en implantologie avec les nouveaux matériaux (PEEK). Laurent Bougette et le Dr Sébastien Fellenc livreront un dialogue autour de nouveaux processus de travail. Le Dr Rodolph Martin présentera le scanner intraoral Primescan dans le cadre du flux numérique commun au cabinet et au laboratoire. Philippe Llobell et le Dr Dorian Bonnafous proposeront aux participants des clés pour se faciliter le quotidien en dentisterie adhésive.

« L’optimisation des séquences de travail prend tout son sens en prothèse adhésive »

En dentisterie adhésive, quels sont les enjeux d’une bonne communication entre le cabinet dentaire et le laboratoire de prothèse ?

Dr Dorian Bonnafous et Philippe Llobell : En prothèse adhésive, on va travailler sur la transmission des teintes. La communication est capitale dans ce domaine. Aujourd’hui on peut facilement réaliser des photos intrabuccales ou utiliser des filtres polarisants qui équipent l’unité de soins et permettent de transmettre une teinte dans de bonnes conditions même lorsqu’un patient ne peut se rendre chez le prothésiste. C’est un point qui va beaucoup influer sur le résultat final.

D’autre part, la prothèse adhésive impose des séances cliniques qui sont souvent assez longues. Dès que l’on a des retouches à faire on se retrouve dans des situations assez compliquées, c’est pourquoi il vaut mieux planifier le traitement en amont. Le prothésiste va aussi gagner du temps s’il a tous les éléments au départ. L’optimisation des séquences de travail prend tout son sens en prothèse adhésive particulièrement.

Le dernier point important concerne l’analyse préopératoire. On va réaliser de plus en plus de mock-ups, même dans des cas très faciles, guidés éventuellement par une analyse esthétique grâce aux photos ou au digital. On va pouvoir proposer un projet au patient, que ce soit pour des réhabilitations esthétiques ou fonctionnelles. S’il l’accepte, on se lance dans le traitement. Ainsi le praticien ne se retrouve pas confronté à un patient insatisfait en fin de traitement et le prothésiste prend beaucoup moins de temps à réaliser une modification sur des facettes qu’à les refaire.

En quoi ces échanges peuvent être importants dans le cadre d’une dentisterie minimalement invasive ?

Le mock-up sert non seulement à projeter le plan de traitement dans la phase de temporisation mais il est surtout un guide de préparation. On ne va plus préparer la dent dans son état initial mais la dent incluse dans le mock-up. Si par exemple on doit ajouter 1 mm de céramique à un endroit, on a quasiment plus besoin d’intervenir : on aura peut-être besoin de retirer 0,1 ou 0,2 mm alors qu’auparavant on aurait préparé d’une manière systématique 1 mm à cet endroit, ce qui posait la problématique de l’économie tissulaire mais également de la pérennité du collage. On est plus serein lorsque l’on prépare 0,1 mm d’émail, plutôt que de se retrouver dans la dentine. Les protocoles d’adhésion sont meilleurs en termes de résultats sur l’émail.

Quelles sont certaines de vos « astuces » pour la gestion de certains cas (onlays, overlays, bridges collés) ?

Pour les onlays et les overlays, il faut bien penser, pour une bonne communication, à prendre la teinte avant de commencer le travail parce que sous champ opératoire les dents se déshydratent et l’on perd en termes de rendu et de prise de teinte. Pour les inlays, onlays et overlays en secteur postérieur, on va pouvoir bénéficier de la translucidité du lingotin ou du bloc d’usinage pour jouer sur les hautes, moyennes et basses translucidités afin de s’adapter au cas. Le choix des formes de préparation est également important car selon le choix de la limite de finition, par exemple un épaulement ou un biseau, on n’aura pas la même transmission de la lumière.

Il faut souvent faire un choix entre d’un côté la résistance mécanique et une esthétique plus prononcée.

Les bridges collés en cantilever peuvent être délicats, tant au cabinet qu’au laboratoire, car un élément avec une seule ailette peut s’avérer assez difficile à manipuler. Au laboratoire, je travaille beaucoup, avant la pressée, en sculpture de résine calcinable, qui se déforme moins que la cire. Mon astuce est de faire toute la partie réalisation prothétique avec une deuxième ailette qui permet pendant toute la phase de stratification et de maquillage de stabiliser l’élément et une fois l’essayage final validé, on coupe cette ailette et on repolit, ce qui permet de faire les essayages plus sereinement.

En clinique, l’un des points importants est la réalisation d’une clé de collage, d’un guide, qui permet d’être certain d’être en pression complète sur l’élément. Pour les bridges cantilever, souvent on se rend compte qu’un aménagement tissulaire est nécessaire pour créer une sorte d’ovalisation au niveau de la crête du bridge. Cela permettra de gérer une bonne émergence pour le laboratoire et, cliniquement, donnera l’illusion d’une émergence naturelle.

Propos recueillis par Agnès Taupin