Mythes et traditions autour des dents de lait
Les dents de lait ont inspiré de nombreuses traditions et légendes à travers le monde. Ces rituels, destinés à célébrer ce moment de croissance et à en diminuer l'éventuelle anxiété, varient considérablement d'une culture à l'autre et leurs origines remontent à la nuit des temps.
Les Égyptiens, par exemple, lançaient les dents de lait vers le soleil, en hommage au dieu Râ, espérant ainsi obtenir des dents fortes et solides. Les Vikings, croyant à la magie des dents de lait, les transformaient en bijoux portés pendant la guerre pour leur conférer force et chance. Ils offraient même de l’argent à leurs enfants en échange de ces précieuses dents.
Au Moyen Âge, les mères anglaises brûlaient les dents de lait pour empêcher les sorcières de s’en emparer et de jeter des sorts à leurs enfants. Cette tradition fut importée en Amérique par les premiers colons. Dans d’autres régions, les dents de lait étaient déposées dans des nids de rats ou de serpents car on disait que les sorcières craignaient ces animaux et n’iraient pas les chercher. Une autre croyance voulait que si une souris mangeait la dent de lait, l’enfant développerait des dents aussi dures que celles de la souris.
En Europe, il était commun d’enterrer la dent de lait pour faciliter la poussée de la dent définitive. Cette pratique était également censée empêcher les sorcières, là encore, de trouver la dent et de jeter un sort.
L’avènement de la « Tooth Fairy »
L’origine de la petite souris serait liée à un conte français du XVIIe siècle, La bonne petite souris, écrit en 1697 par Marie-Catherine Le Jumel de Barneville, baronne d’Aulnoy. L’histoire raconte qu’une fée se transforma un jour en souris pour aider une reine à triompher d’un méchant roi, se cachant sous l’oreiller du souverain et lui faisant perdre toutes ses dents.
En Espagne, l’histoire de La petite souris Pérez (« El Ratoncito Pérez ») aurait été racontée à la fin du XIXe siècle par le prêtre Luis Coloma au roi Alfonso XIII après qu’il a perdu sa première dent de lait à l’âge de 8 ans. Écrite à la demande de la reine en 1894, l’histoire met en scène un petit garçon prénommé Bubi, surnom du futur roi. Mais le conte moderne de la fée des dents, tel que nous le connaissons aujourd’hui, apparaît en 1927 avec la publication de The Tooth Fairy par Esther Watkins Arnold. Il prend ensuite son essor en 1949, lorsque Lee Rogow publie sa version de The Tooth Fairy, où il détaille des consignes d’hygiène bucco-dentaire pour les enfants et introduit le rituel d’échange d’une dent contre de l’argent.
Dans d’autres parties du monde, comme aux Philippines, quand un enfant perd une dent, il la jette au-dessus du toit de la maison en espérant qu’une souris lui en rendra une autre, solide et blanche comme la sienne. Cette tradition se retrouve également au Guatemala, au Brésil et à Haïti, où elle est souvent accompagnée de chants traditionnels.
Au Togo, les enfants ont pour habitude de jeter leurs dents de lait au-dessus du toit de leur maison, mais ils doivent le faire sans ouvrir la bouche. La superstition veut que si un lézard voit l’espace vide laissé par la dent, celle-ci risque de ne pas repousser.
En Tunisie, en Algérie et au Maroc, lorsqu’un enfant perd sa première dent de lait, il invoque Allah pour échanger sa « dent d’âne » contre une « dent de gazelle », signifiant le passage à des dents plus robustes et adultes.
Mais quelle que soit la tradition, l’objectif est le même : célébrer cette étape importante de la vie d’un enfant et l’encourager à accueillir les changements à venir. La petite souris ou la fée des dents, comme le père Noël, est un personnage dont l’histoire traverse les âges et les cultures, et continue d’apporter de la joie et de l’excitation aux enfants du monde entier.