Quand le Covid développe les initiatives des chirurgiens-dentistes
Depuis le début de la crise sanitaire, les chirurgiens-dentistes d'Auvergne-Rhône-Alpes ont multiplié les actions en matière de dépistage et de prévention.
Dès le début de la pandémie de Covid-19, l’URPS chirurgiens-dentistes Auvergne-Rhône-Alpes (AuRA) a lancé plusieurs actions pour informer les praticiens et fournir des équipements de protection individuelle (EPI). Une distribution de masques FFP2, blouses, et combinaisons en “drive” a ainsi été organisée et un stock “stratégie” d’EPI a été constitué pour anticiper une aggravation de la situation épidémiologique.
Un protocole sanitaire strict a été instauré dans les cabinets pour protéger les chirurgiens-dentistes, leur personnel et patientèle. Malgré une forte exposition à la Covid-19 en raison de la nature même de l’exercice de la dentisterie, les chirurgiens-dentistes (CD) d’AuRA ont été moins contaminés que la plupart des autres professionnels de santé. Les taux de contamination se sont révélés toutefois plus importants dans les zones à forte densité de population a rappelé lors d’une conférence de presse, mardi 9 mars, le Dr Éric Lenfant, président de l’URPS chirurgiens-dentistes AuRA. D’après un sondage lancé en décembre 2020 par l’URPS, les chirurgiens-dentistes des départements de Rhône-Alpes ont ainsi été deux fois plus touchés (10,07 %) que ceux d’Auvergne (5,59 %).
Depuis le début du mois de décembre dernier, les chirurgiens-dentistes de la région peuvent réaliser des tests nasopharyngés ou oropharyngés. Plus de
200 000 kits de dépistage ont été diffusés dans les cabinets dentaires lors de la grande campagne organisée fin 2020 par la Région. L’URPS CD AuRA a d’autre part lancé une expérimentation des tests salivaires dans les cabinets dentaires de quatre départements (Isère, Savoie, Puy-de-Dôme et Rhône). L’outil diagnostic a été développé sur la base des recherches du CNRS de Montpellier.
Populations fragilisées ou à risques
L’URPS des chirurgiens-dentistes AuRA, qui représente plus de 4 200 praticiens, a développé plusieurs initiatives pour sensibiliser à la santé bucco-dentaire et intervenir auprès de populations fragilisées ou à risques. Une volonté d’« agir malgré les risques de contamination”, a souligné le Dr Éric Lenfant. Un véhicule a été transformé en cabinet dentaire mobile pour soigner, après télédiagnostic, les résidents en Ehpad. Une autre opération pilote menée avec la Croix-Rouge a permis d’intervenir dans un camp de réfugiés en Savoie.
Une action de prévention a été lancée auprès des enfants de grande section et de cours préparatoire. Des bandes dessinées éducatives intitulées “Kidouli” ont été conçues par l’URPS pour promouvoir la santé dentaire dans les écoles de la région. Une campagne de sensibilisation qui a reçu le soutien de l’Unesco.
Ces initiatives interviennent dans un contexte plutôt pesant pour la profession, comme le révèle une enquête menée auprès des praticiens de la région. “Au cœur de leurs préoccupations, outre la gestion de l’épidémie, des contraintes administratives de plus en plus lourdes, conjuguées à une insécurité grandissante dans les cabinets et un sentiment d’épuisement professionnel”, détaille l’URPS.
La désertification dentaire en Auvergne-Rhône-Alpes est un autre enjeu de taille pour l’union régionale des chirurgiens-dentistes qui précise que “diverses pistes sont explorées avec les facultés et les collectivités locales pour valoriser l’exercice libéral en milieu rural”.