Des chercheurs s'inquiètent de la présence d'un additif toxique dans nos dentifrices
Le E171 est un additif alimentaire composé de micro et de nanoparticules de dioxyde de titane, pouvant passer directement par les muqueuses de la bouche et affecter le renouvellement de l’épithélium buccal. Or, il est toujours présent dans plusieurs dentifrices.
Le E171 est un additif alimentaire composé de micro et de nanoparticules de dioxyde de titane (TiO2). Il a été prouvé à plusieurs reprises que son ingestion pouvait entraîner l’apparition de cellules précancéreuses dans le côlon ainsi que des troubles immunitaires. En 2020, il a donc été interdit dans l’alimentation en France. Et pourtant…il reste utilisé dans certains dentifrices, cosmétiques et produits pharmaceutiques. Ce qui est très inquiétant, alertent des chercheurs dans une étude parue le 17 mai dans la revue scientifique Nanotoxicology. Selon ces travaux réalisés par l’Inrae en collaboration avec le Laboratoire national de métrologie et d’essais, les nanoparticules qui composent le E171 peuvent passer directement par les muqueuses de la bouche.
Dans le passé il a été montré qu’une fois ingérées, les nanoparticules de dioxyde de titane s’accumulaient dans le foie et la rate après l’absorption depuis l’intestin mais aussi dans le placenta pouvant attaquer le fœtus. Mais ici, les scientifiques ont voulu savoir s’il existait d’autres voies de passage.
Ils ont alors étudié l’absorption de l’additif alimentaire par les muqueuses de la cavité buccale. D’abord via une bouche de cochon, très proche de celle des humains. Ils ont ensuite observé l’effet de ces nanoparticules buccales en cultures. Résultats : in vivo et in vitro, elles sont rapidement absorbées. Après quoi, elles abîment l’ADN des cellules en les exposant à un stress oxydatif, impactant ainsi la survie des cellules en croissance, ce qui peut affecter le renouvellement de l’épithélium buccal.
Prendre en compte l’exposition direct de la cavité buccale
Ainsi, avant même d’être absorbées par l’intestin, ces nanoparticules passent par les muqueuses buccales pour atteindre la circulation sanguine, et peuvent, au cours de leur voyage, impacter la régénération cellulaire de ces muqueuses. « Ces travaux soulignent l’importance de prendre en compte l’exposition directe de la cavité buccale à l’additif alimentaire E171 lors de l’évaluation des risques chez l’être humain, aussi bien lors de son usage dans les produits alimentaires, qu’en cosmétique (en particulier pour les dentifrices) et dans les produits pharmaceutiques », conclut l’Inrae sur son site internet.
Jusqu’à encore récemment, l’E171 était utilisé comme colorant blanc et opacifiant dans de nombreux aliments comme les pâtisseries, les bonbons, les sauces, les glaces ou encore le poisson fumé. Sur la base du principe de précaution, il a été interdit en France dans l’alimentation en 2020 puis en Europe deux ans plus tard.
Outre le dioxyde de titane, de nombreux produits présents dans les dentifrices font régulièrement polémique. L’agent antibactérien triclosan est un probable perturbateur endocrinien qui agirait à la fois sur les hormones oestrogènes et sur la thyroïde et pourrait aussi favoriser les allergies et la résistance aux antibiotiques. De même pour le proplyparaben, pourtant interdit dans les produits non rincés. Le BHA est, quant à lui, un antioxydant classé comme « possible cancérogène » par le Centre international de recherche contre le cancer (Circ). Le sodium lauryl sulfate, utilisé pour faire mousser la plupart des dentifrices, gels douche et shampoings industriels, peut, lui, provoquer des irritations cutanées et des aphtes. Il serait en outre assez néfaste pour l’environnement.