E-cigarette : les vapoteurs présenteraient un risque élevé de caries

Selon une étude à paraître le 1er décembre dans le Journal of the American Dental Association, les consommateurs de cigarette électronique auraient plus de risque de développer caries et maladies parodontales.

Par Raphaëlle de Tappie, publié le 30 novembre 2022

E-cigarette : les vapoteurs présenteraient un risque élevé de caries

On connait depuis longtemps les effets néfastes de la cigarette sur les dents. Restait encore à prouver ceux de la vapoteuse. C’est aujourd’hui chose faite. Selon une étude à paraître le 1er décembre dans le Journal of the American Dental Association, les patients qui vapotent auraient un risque plus élevé de développer des caries et des maladies parodontales. Aussi, les informations concernant les habitudes de vapotage des patients devraient-elles figurer dans chaque dossier médical partagé.

Pour en arriver à ces conclusions, Karina Irusa, professeur adjoint de soins complets à l’Université Tufts, Boston, Massachusetts (Etats-Unis,  et ses collègues ont recueilli les données de 13 216 patients âgés de 16 à 40 ans ayant fréquenté les cliniques dentaires de Tufts entre 2019 et 2021. Dans leur dossier, il était indiqué différents types de lésions dentaires, l’état de la paque dentaire, du brossage et s’ils utilisaient des drogues récréatives ou grignotaient fréquemment. Résultat : 79% des patients ayant déclaré vapoter présentaient un risque élevé de carie dentaire, contre 60% pour les autres.

Pour Karina Irusa, des questions sur les habitudes de vapotage des patients devraient donc être incluses dans les questionnaires de routine sur les antécédents dentaires et médicaux et dans le dossier médical en ligne.  « La carie, dans sa forme grave, n’affecte pas seulement la capacité d’une personne à manger, mais aussi l’esthétique du visage et l’estime de soi », rappelle la professionnelle de santé.

« Nous en apprenons chaque jour davantage sur les dangers du vapotage »

« Tous les ingrédients du vaping sont certainement une recette pour la prolifération des bactéries responsables des caries », commente Jennifer Genuardi, médecin interne et pédiatre au centre de santé communautaire Urban Health Plan, à New York, citée par la revue Mescape. Pour le Dr, extérieur à l’étude, ces résultats sont peu surprenants. En effet, « nous en apprenons chaque jour davantage sur les dangers du vapotage ».

Beaucoup de ses patients ados détestant se rendre chez le dentiste, Jennifer Genuardi est persuadée que leur parler des effets néfastes du vapotage sur les dents pourrait les convaincre d’abandonner la e-cigarette, particulièrement appréciée des jeunes, surtout aux Etats-Unis. « La formation de caries et le fait de se faire soigner sont des expériences auxquelles les adolescents peuvent s’identifier, ce qui me semble être un angle encore plus efficace pour tenter de réduire ce comportement malsain qu’est le vapotage », conclut-elle.

Manque de recul

En France, on estime à 3 millions le nombre de vapoteurs contre 15 millions de fumeurs. Pour l’OMS, si la cigarette électronique s’impose depuis son arrivée en Chine en 2006 comme une alternative au tabac classique, elle est loin d’être neutre et reste un produit avec de la nicotine, classée « substance très dangereuse ».

Dans un rapport sur les bénéfices-risques de la cigarette électronique pour la population en général, le Haut conseil de la santé publique constate d’ailleurs le manque de recul pour évaluer les risques liés à l’e-cigarette et encourage à la vigilance. Il insiste par ailleurs sur la nécessité de mener plus d’études sur le sujet, que ce soit sur son aspect santé publique ou sur ses impacts sociaux. Mais en attendant, les associations anti-tabac s’expriment régulièrement contre la cigarette électronique. Fin octobre, l’Alliance contre le tabac (ACT) a ainsi tiré la sonnette d’alarme contre la Puff, cigarette électronique jetable bon marché (entre 8 et 10 euros) au goût fruité, très populaire auprès des jeunes.

« Les adolescents sous-estiment la nocivité de ce produit, déplorait ainsi l’association. Composée de sels de nicotine, l’utilisation de la Puff augmente les risques de développer une inflammation des voies respiratoires et impacte les acquisitions cognitives des plus jeunes. Par ailleurs, le taux de nicotine (jusqu’à 20 mg/ml) est suffisamment élevé pour créer une forte dépendance et constituer une porte d’entrée vers le tabagisme. »