Ingérer moins de calories pour éviter les maladies parodontales ?
D’après une étude systémique, réduire son apport calorique pourrait permettre de limiter les maladies parodontales. Le faible nombre d’études analysées dans la revue incite cependant à la prudence.
En France, d’après l’UFSBD, 51,7 % de la population adulte présente une inflammation modérée étendue à 12,5% des sites parodontaux. À partir de 35 ans, la moitié des Français présenteraient une gingivite avec une forme sévère dans 10 % des cas. Les affections parodontales sévères, qui peuvent comme chacun le sait entraîner la chute des dents, arrivent ainsi au onzième rang des maladies les plus répandues dans le monde, ce qui en fait un véritable problème de santé publique. Pas étonnant donc que les chercheurs soient nombreux à s’interroger sur comment réduire cette affliction. D’après une étude systémique, parue dans le journal Clinical Oral Investigation, réduire son apport calorique pourrait réduire l’inflammation locale et systémique. Si cette approche est intéressante et novatrice, le faible nombre d’études incluses dans cette revue incite à la prudence, alertent les chercheurs. Car bien que 4 980 articles aient été initialement sélectionnés, seules six études ont finalement été retenues. Parmi elles, quatre études animales et deux chez réalisées chez l’homme.
« Toutes les études ont montré que, par rapport au régime alimentaire normal (ad libitum), la RC (restriction calorique) pourrait avoir le potentiel de réduire l’état hyperinflammatoire local et systémique ainsi que la progression de la maladie chez les patients parodontaux », notent les chercheurs.
« Il est très intéressant de noter que la restriction calorique et le jeûne prolongé sont considérés comme un stimulus physiologique robuste qui provoque un stress biologique léger à modéré qui, à son tour, entraîne de nombreuses réponses endocriniennes et neurobiologiques depuis les niveaux systémiques jusqu’aux voies de signalisation moléculaires », poursuivent-ils. La restriction alimentaire pourrait notamment augmenter la réparation de l’ADN, conduisant les cellules à un état de réparation et de maintenance, diminuer les espèces réactives de l’oxygène, empêchant les dommages de l’ADN, diminuer les niveaux d’insuline et de glucose en circulation et stimuler la croissance et la prolifération cellulaire en diminuant la signalisation de l’hormone de croissance.
Un jeûne intermittent ?
Concernant le jeûne, des études ont montré qu’il pouvait prévenir la perte osseuse physiologique dans un modèle murin de parodontite ainsi que pendant le vieillissement. Le jeûne prolongé favoriserait par ailleurs la régénération du système hématopoïétique et immunitaire, du pancréas, de la moelle épinière et de l’intestin et atténuerait les lésions ischémiques cérébrales, tandis que le jeûne intermittent pourrait améliorer la fonction cardiaque et la survie à l’infarctus du myocarde.
« Bien que les preuves manquent actuellement, si un effet de la restriction alimentaire sur les résultats parodontaux est prouvé, les régimes alimentaires pourraient être associés à la thérapie parodontale mécanique afin d’améliorer les résultats cliniques et de réduire potentiellement l’inflammation systémique. Dans la réalité clinique, le jeûne complet peut être difficile à réaliser. Par conséquent, une solution intéressante pour améliorer l’observance pourrait être d’adopter une approche de régime imitant le jeûne (par exemple, quelques jours de régime imitant le jeûne en quelques cycles par an) », écrivent les chercheurs.
Avant de nuancer : « La présente étude présente plusieurs limites. » À commencer par le nombre limité d’études incluses. Qui plus est, la majorité d’entre elles étaient animales (et trois sur quatre ont été mené par les mêmes groupes de recherche). « En outre, les deux études humaines étaient des études de cohorte ou des études cas-témoins avec une période de suivi de 4 mois seulement et, enfin, un risque de biais élevé/peu clair a été détecté dans la majorité des études incluses. » Dans le futur, les études sur les humains devraient idéalement être des essais contrôlés randomisés avec une période de suivi systématiquement plus longue (au moins 6 à 12 mois).
« Des preuves prometteuses à ce jour »
Mais, en dépit de la rareté des études existantes et de certains résultats controversés, « la présente revue conclut que certaines approches de restriction alimentaire/calorique peuvent potentiellement affecter les conditions parodontales en réduisant l’inflammation locale et systémique et en améliorant les paramètres cliniques ».
Ainsi, « dans la recherche d’outils complémentaires pour améliorer les résultats parodontaux et sur la base des preuves prometteuses à ce jour, il y a un besoin urgent d’études méthodologiquement solides qui pourraient évaluer les restrictions alimentaires en tant que thérapie complémentaire chez les patients atteints de maladie parodontale, en évaluant ses effets potentiels sur les résultats cliniques et locaux/systémiques et les mesures des résultats rapportés par les patients, à court et à long terme ».