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Les biorythmes dentaires permettraient de surveiller la prise de poids chez les ados

D'après une nouvelle étude internationale, il semblerait que les lignes de croissance des dents de lait permettent de définir une prise de poids au début de l’adolescence.

Par Raphaëlle de Tappie, publié le 01 septembre 2022

Les biorythmes dentaires permettraient de surveiller la prise de poids chez les ados

Tout comme les cernes d’un tronc d’arbre coupé indique l’âge de ce dernier, il semblerait que les lignes de croissance des dents de lait permettent de définir une prise de poids au début de l’adolescence. Telle est en substance la conclusion d’une étude parue le 22 août dans la revue Communications Medicine.

L’équipe, internationale, a collecté des dents de lait et pris des mesures mensuelles du poids, de la taille et de la longueur des jambes de 125 enfants dans 19 écoles de Dunedin, en Nouvelle-Zélande. « Alors que des dents ont également été collectées dans d’autres centres (Royaume-Uni, États-Unis et France), le volet néo-zélandais du projet était unique car nous recueillions réellement des données sur la croissance de participants vivants », explique les chercheurs.

Tous les aspects du métabolisme du corps ont une horloge, certaine ont un rythme circadien de 24 heures tandis que d’autres ont des rythmes quasi hebdomadaires. « Nous avons un marqueur de cette horloge biologique en jours imprimé à l’intérieur des dents de lait, explique le Dr Carolina Loch, de la faculté de médecine dentaire de l’université d’Otago, responsable de la partie néo-zélandaise du projet. Cela concerne de nombreux aspects de notre métabolisme, et pas seulement la croissance des dents. »

 

Moins de lignes de croissance, signe d’un métabolisme plus rapide

 

Lors de leur étude, les chercheurs ont découvert que les ados au biorythme (marqueur de l’horloge biologique du corps) dentaire plus rapide (cycle de cinq ou six jours) pesaient moins et présentaient la plus faible variation de leur indice de masse corporelle sur 14 mois. A contrario, ceux dont le biorythme était lent (cycle de sept ou huit jours) étaient six fois plus susceptibles d’avoir un indice de masse corporelle très élevé. « Moins de lignes de croissance équivaut à un biorythme plus rapide et à un métabolisme plus rapide », déclarent les scientifiques.

« Bien que le développement de l’obésité soit un processus multifactoriel et dépende du mode de vie, de facteurs socio-économiques et psychologiques, nous montrons que les dents de lait peuvent être un marqueur biologique de prédisposition à une prise de poids plus importante au début de l’adolescence, plusieurs années avant que les risques pour la santé associés à l’obésité ne se développent. »

 

Des signes valables pour les adultes ?

 

Pour le Dr Mahoney, de l’université de Kent, qui dirigeait l’équipe de recherche, ces résultats constituent une première étape passionnante. « Ils montrent un lien jusqu’alors inconnu entre les marqueurs des biorythmes dans les dents – à l’instar des anneaux de croissance que nous voyons dans les arbres, nos dents présentent également une structure similaire – et la prise de poids », s’enthousiasme le Dr Loch.

« La prochaine étape consistera à déterminer si le lien que nous avons découvert s’étend aux conséquences néfastes sur la santé des adultes, explique le Dr Mahoney. Potentiellement, les dents de lait peuvent contenir une trace de ces informations bien des années avant que ces résultats ne se manifestent chez les adultes. »

 

Un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur

 

Des recherches d’autant plus cruciales que l’obésité est un problème de santé publique qui prend de plus en plus d’ampleur. Entre 1975 et 2020, la prévalence mondiale de cette maladie a presque triplé. En 2020, plus de deux milliards d’adultes (soit 39 % de la population adulte mondiale) étaient en surpoids (Indice de masse corporelle supérieur à 25). Parmi eux, plus de 600 millions étaient obèses (IMC supérieur à 30).

En France, selon les résultats d’une enquête de la ligue contre l’obésité parus en juin 2021, environ 8,5 millions d’adultes (17 %) ont un indice de masse corporelle supérieur à 30, contre 15 % en 2012. Et près d’un Français sur deux (47 %) serait en surpoids.  Chez les enfants, l’obésité apparaît plus fréquemment chez les plus jeunes (18 % des enfants de 2 à 7 ans) que chez les plus grands (6 % parmi les 8-17).