Les personnes croyant en la chance ont un risque plus grand de maladie parodontale

Les personnes qui croient que leur sort est déterminé par la chance sont plus susceptibles de développer une maladie des gencives, selon une étude.

Par Agnès Taupin, publié le 24 juin 2022

Les personnes croyant en la chance ont un risque plus grand de maladie parodontale

Les gens croyant que la chance ou le hasard détermine ce qui leur arrive sont plus susceptibles d’avoir une maladie parodontale que ceux qui pensent que leurs propres actions sont principalement responsables de ce qui leur arrive. C’est la conclusion d’une étude présentée par le Dr Sébastien Jungo (AP-HP hôpitaux de Paris), lors du congrès EuroPerio10 organisé par la Fédération européenne de parodontologie (EFP).

La conclusion selon laquelle ce système de croyance est lié à la santé bucco-dentaire orale « devrait encourager les chirurgiens-dentistes à évaluer l’état émotionnel de leurs patients et, si c’est nécessaire, les orienter vers des soins psychologiques appropriés », a déclaré le praticien, selon une information du site Neuroscience News. D’après le Dr Sébastien Jungo, quelques questions simples devraient être posées, telles que : « Selon vous, qu’est-ce qui a causé votre maladie ? et comment peut-on la traiter ? » Les réponses à ces questions pourraient être importantes pour augmenter l’adhésion au traitement, a-t-il estimé. 

Cette étude a examiné les liens entre ces croyances, la santé bucco-dentaire et les facteurs socio-économiques et psychologiques. Pour le système de croyance, les patients ont été classés comme ayant un lieu (locus) de contrôle externe ou interne. Dans le cas d’un lieu de contrôle interne, les personnes pensent que les résultats des événements de la vie sont attribuables à leurs propres actions. Dans le cas d’un lieu de contrôle externe, les personnes croient à des facteurs sur lesquels ils ont peu d’influence. 

 

79 patients d’une consultation parodontale

 

L’étude a porté sur 79 patients qui ont assisté à une consultation parodontale à l’hôpital universitaire de Bretonneau (Paris). Des données ont été recueillies sur le mode de vie (par exemple le tabagisme) et les facteurs socio-économiques (revenu, niveau de scolarité, état matrimonial). Les participants ont rempli des questionnaires pour déterminer le lieu de contrôle, le niveau de stress et l’humeur dépressive. Le degré de contrôle de la plaque et le nombre de dents ont été enregistrés. Les patients ont par ailleurs reçu un enseignement à l’hygiène bucco-dentaire.

L’âge moyen des participants était de 46 ans et 66 % étaient des femmes. Vingt participants (25 %) avaient un locus de contrôle externe et 59 (75 %) avaient un locus de contrôle interne. Le score médian d’humeur dépressive était deux fois plus élevé dans le groupe locus externe que dans le groupe locus interne. Près des trois quarts du groupe locus externe avaient un faible niveau d’éducation comparativement à la moitié du groupe locus interne. En ce qui concerne la santé bucco-dentaire, le nombre moyen de dents perdues était de trois dans le groupe locus externe et d’une dans le groupe locus interne.

La perte d’attache maximale était significativement plus élevée dans le groupe locus externe par rapport au groupe locus interne. Le locus de contrôle externe était associé de façon significative au score de dépression, au niveau de scolarité, au nombre de dents et à la perte d’attache maximale. « Le fait d’avoir un locus externe de contrôle était indépendamment associé à une plus grande perte de dents et d’attache, ce qui indique une plus grande gravité de la maladie parodontale. De plus, ces patients étaient plus susceptibles d’être déprimés et d’avoir un niveau de scolarité inférieur », a déclaré le Dr Jungo, rapporte Neuroscience News.