La morphologie de nos dents influencée par un gène néandertalien ?
Des scientifiques viennent de découvrir de nouvelles zones du génome, dont un gène néandertalien, ayant une influence sur la taille et la forme des dents humaines.
Nos dents recèlent bien des secrets… Une équipe internationale de chercheurs issus de l’UCL, de l’Open University, de l’université Fudan (Chine), de l’université d’Aix-Marseille (France) et de l’université nationale de La Plata (Argentine) a identifié 18 régions du génome, dont 17 n’avaient jamais été associées à la morphologie dentaire.
De précieuses informations sur l’évolution de la forme de nos dents
L’étude, publiée en décembre 2024 sur le site de Current Biology, et relayée par le magazine Géo, s’est penchée sur l’impact des variations génétiques sur la morphologie dentaire des différentes populations humaines actuelles.
Les dents anciennes bien conservées, dont les dents préhistoriques, se révèlent une mine d’informations qui peut en dire beaucoup sur l’évolution humaine. Selon le Dr Adhikari (UCL Genetics, Evolution & Environment et The Open University), coauteur principal, elles sont le témoin « des étapes importantes telles que le passage à la nourriture cuite et le début du rétrécissement de la taille des dents humaines ».
Une étude d’envergure recoupant données génétiques et mesures dentaires
Les chercheurs ont étudié les mesures dentaires de 882 volontaires en Colombie d’origine mixte (africaine, européenne et amérindienne). À l’aide de scans 3D de moulages dentaires en plâtre, ils ont analysé les dimensions de la couronne dentaire telles que le diamètre mésiodistal (largeur de la dent), le diamètre buccolingual (épaisseur de la dent) et la couronne en elle-même.
Ces mesures ont ensuite été recoupées avec les données génétiques des participants grâce à une étude d’association pangénomique (dite GWA pour Genome-Wide Association Study). Parallèlement, l’équipe a observé l’impact de l’activation ou de la désactivation de certains gènes clés sur le développement des dents chez la souris.
Un gène possiblement hérité des Néandertaliens
Les résultats ont permis de relever 18 régions du génome ayant une influence sur la forme et la taille des dents. Parmi les variantes découvertes, celle du gène HS3ST3A1, pourrait descendre du Néandertal. D’après les chercheurs, elle a été uniquement identifiée chez les individus d’origine européenne, porteurs de dents plus petites.
De plus, l’équipe a observé que le gène EDAR, connu pour son impact sur la forme des incisives chez les populations d’Asie de l’Est, agit également sur la largeur des dents des personnes amérindiennes.
Le Dr Qing Li, premier auteur issu de l’université de Fudan, espère que ces découvertes « pourraient être utiles sur le plan médical, si les personnes souffrant de problèmes dentaires particuliers pouvaient subir des tests génétiques pour aider au diagnostic, ou si certaines anomalies dentaires pouvaient être traitées un jour par des thérapies géniques ».
Cet héritage néandertalien ouvrirait-il la voie vers les solutions thérapeutiques de demain ?