Une mauvaise santé bucco-dentaire pourrait être liée au déclin cognitif
Lors du congrès International Stroke Conference 2023, qui a eu lieu du 8 au 10 février à Dallas, des chercheurs ont expliqué que la santé dentaire avait un impact sur nos neurones.
Tous les chirurgiens-dentistes le savent, une mauvaise santé bucco-dentaire peut avoir des conséquences gravissimes sur le métabolisme, mais aussi sur le mental. En avril 2021, des scientifiques américains ont notamment démontré que les maladies parodontales pouvaient être signe annonciateur de la maladie d’Alzheimer. En juillet de la même année, une étude américaine, révélait que les personnes ayant déjà perdu ne serait-ce qu’une dent avaient plus de risques de présenter une perte de fonction cognitive ou de démence. Quelques mois plus tard, toujours aux États-Unis, une subvention de recherche du National Institute on Aging (NIA) de 3,97 millions de dollars était accordée à des chercheurs de l’université de Columbia pour étudier les liens entre maladie d’Alzheimer et parodontite. Aujourd’hui, lors du congrès International Stroke Conference 2023, qui a eu lieu du 8 au 10 février à Dallas (Texas, États-Unis), des chercheurs ont présenté une prépublication selon laquelle la santé dentaire aurait un impact sur nos neurones.
Dans une étude réalisée entre 2014 et 2021, les scientifiques ont analysé les données de 40 000 adultes âgés en moyenne de 47 ans qui ne souffraient pas d’accident vasculaire cérébral (AVC). Les participants, inscrits à la Biobanque du Royaume-Uni, ont été soumis à un dépistage de 105 variantes génétiques connues pour prédisposer les personnes à avoir des caries, des prothèses dentaires et à perdre des dents dans le futur.
Grâce aux images d’IRM, les chercheurs ont pu repérer les signes d’une mauvaise santé cérébrale chez les personnes ayant des prédispositions aux troubles buccodentaires. Parmi eux, l’hyper-intensification de la substance blanche ou une accumulation de dommages dans la substance blanche du cerveau, pouvant affecter la mémoire, l’équilibre et la mobilité. Ils ont également identifié des dommages microstructurels de l’architecture du cerveau par rapport à l’IRM d’un scanner cérébral d’un adulte en bonne santé du même âge.
Un facteur de risque facilement modifiable
« Si une mauvaise santé bucco-dentaire affecte la santé du cerveau, c’est-à-dire l’état fonctionnel du cerveau d’une personne, nous sommes désormais en mesure de mieux le comprendre en utilisant des outils de neuro-imagerie comme l’imagerie par résonance magnétique (IRM), explique Cyprien Rivier, chercheur postdoctoral en neurologie à la Yale School of Medicine à New Haven, dans le Connecticut, aux États-Unis et l’un des auteurs de l’étude. L’étude de la santé bucco-dentaire est particulièrement importante car une mauvaise santé bucco-dentaire est fréquente mais constitue un facteur de risque facilement modifiable : tout le monde peut l’améliorer sans que cela ne prenne trop temps et d’investissement financier. »
« Une mauvaise santé bucco-dentaire [a des conséquences néfastes sur] la santé du cerveau, nous devons donc faire très attention à notre hygiène bucco-dentaire car elle a des répercussions bien au-delà de la bouche, développe-t-il. Néanmoins, cette étude est préliminaire et il faudra davantage de preuves – idéalement par des essais cliniques – pour confirmer que, dans la population, l’amélioration de la santé bucco-dentaire aura un impact positif sur la santé cérébrale. »
Rappelons toutefois qu’outre la santé bucco-dentaire, le tabac, le diabète, une mauvaise alimentation ou encore un manque d’activité physique, sont également des facteur de risque pour développer des troubles cognitifs.