Le régime de soins dentaires au Canada confronté à la pénurie de praticiens

Au Canada, le nouveau régime garantissant des soins dentaires abordables pour les patients à faibles revenus souffre d’une sévère pénurie de chirurgiens-dentistes.

Par Linda Lam, publié le 01 juillet 2024

Le régime de soins dentaires au Canada confronté à la pénurie de praticiens

Lancé par le gouvernement de Justin Trudeau, le nouveau régime canadien de soins dentaires (RCSD) vise à offrir des soins gratuits ou à moindre coût aux plus de 65 ans. ll vient de s’étendre aux moins de 18 ans ainsi qu’aux patients en situation de handicap.

Un régime de soins dentaires « gratuits » au Canada

Ce nouveau dispositif devait s’adresser à près de 9 millions de Canadiens à faibles revenus et dépourvus d’une assurance privée en leur proposant une aide pour financer leurs soins bucco-dentaires.

Dès son lancement, de nombreux observateurs ont dénoncé la « fausse gratuité » annoncée. Dans les faits, les dentistes sont libres de fixer leurs tarifs, avec parfois un reste à charge important pour les patients, pouvant aller de 40 à 60 % des frais selon l’association dentaire canadienne.

À ce jour, seuls deux millions de Canadiens se sont inscrits avec une adhésion de 45 % des professionnels de la santé dentaire.

Inégalité d’accès et pénurie de dentistes dans les zones rurales

Si le programme séduit les patients, en pratique, il est difficile à mettre en œuvre : le pays fait face à une pénurie de dentistes qui entrave l’accès aux soins pour de nombreux Canadiens, particulièrement en zones rurales.

Dans plusieurs régions, comme en Gaspésie, il devient difficile de trouver un dentiste, certains cabinets devant refuser jusqu’à cent nouvelles demandes par semaine. Conséquence : les listes d’attente s’allongent, certains patients devant patienter entre deux et trois ans pour des prothèses dentaires.

Pour lutter contre cette désertification médicale, des municipalités (comme en Haute-Gaspésie) tentent d’attirer les praticiens, allant jusqu’à acquérir une clinique pour alléger les tâches administratives des dentistes.

En février 2023, les dentistes canadiens formés à l’étranger avaient manifesté leur mécontentement face aux trop nombreux obstacles les empêchant d’exercer dans leur pays.