Rouen : les patients d'un centre dentaire rappelés pour un risque d'hépatite ou de VIH
L'ARS Normandie a épinglé un centre dentaire de Rouen pour ses manquements aux normes d'hygiène, a-t-elle annoncé le 31 janvier. Ses patients sont invités à se faire dépister de l'hépatite B, C et du VIH.
Les centres continuent de faire scandale. Après l’affaire des « actes de mutilation » de patients dans les centres Proxidentaire de Belfort et Chevigny-Saint-Sauveur en Bourogne, c’est un centre dentaire de Rouen (Seine-Maritime) qui fait parler de lui. Le 31 janvier, l’ARS Normandie a annoncé que tous les patients du centre en question allaient être invités par courrier à consulter leur médecin traitant afin que celui-ci « puisse lui donner une information médicale appropriée et prescrire les tests de dépistage adaptés (…) en raison d’un risque faible de transmission pour le virus de l’hépatite B (VHB) et très faible pour le virus de l’hépatite C (VHC) et le VIH ».
« En Normandie, 150 investigations sur le terrain sont réalisées chaque année, en fonction des risques pré-identifiés, en matière de sécurité sanitaire, de fonctionnement des établissements et services et d’analyse des actes médicaux et pratiques des professionnels », indique l’ARS Normandie sur son site. Ici, lors d’une inspection visant à évaluer la qualité de la prise en charge et le respect des normes et des bonnes pratiques d’hygiène dans le centre rouennais, l’instance a détecté pas moins de 80 anomalies d’hygiène. Parmi elles, des locaux sales mais surtout des instruments mal nettoyés ou pas assez stérilisés, notamment les fraises.
Elle a alors immédiatement adressé une mise en demeure au centre, l’intimant à se remettre aux normes. “Face à cette situation, des mesures correctives ont immédiatement été demandées par l’ARS et mises en œuvre par le centre. Elles ont permis de supprimer les risques”, détaille-t-elle dans un communiqué.
Une plateforme téléphonique pour répondre aux questions des patients
Plus de 1 000 patients ont également été prévenus à titre préventif. Bien que le risque soit “faible” voire “très faible”, “l’ARS Normandie a souhaité que la patientèle concernée soit dûment informée (…) chaque patient concerné est informé individuellement par courrier à son domicile par le centre de santé dentaire, et invité à consulter son médecin traitant”, a déclaré l’instance à France Bleu Normandie. Les patients devront se faire dépister de l’hépatite B, C et du VIH.
Lors d’une nouvelle visite au centre, les équipes de l’ARS ont pu s’assurer que ce dernier avait effectué toutes les démarches nécessaires. “Une contre-visite d’inspection a permis à l’ARS de constater le retour à un fonctionnement sécurisé de la structure et la tenue des engagements pris par le gestionnaire.”
Le centre dentaire reste donc ouvert et a mis à disposition des patients une plateforme téléphonique pour répondre à leurs questions (0805 293 000 du lundi au vendredi de 08h30 à 18h) et orienter ceux sans médecin traitant. Les médecins traitants et laboratoires ont d’ailleurs été contactés en amont par l’ARS afin de s’assurer que tous les acteurs concernés soient bien au courant de tout.
Quelques rappels s’imposent
Pour empêcher les situations de ce genre de se reproduire, le directeur général de l’ARS devrait bientôt écrire à l’ensemble des professionnels du secteur bucco-dentaire. L’objectif du courrier étant de leur rappeler leurs obligations déontologiques et réglementaires concernant les bonnes pratiques d’hygiène et de prévention des pathologies buccales, ainsi que les sanctions en cas de manquement.
En parallèle, le ministère de la Santé vient de publier sur son site une charte des bonnes pratiques pour la prise en charge bucco-dentaire. Accessible en ligne à tous, ce document décrit les indispensables à suivre en matière de sécurité, de traçabilité et de qualité. Il a été conçu en partenariat avec l’Ordre national des chirurgiens-dentistes et les ARS.
La dernière affaire médiatisée concernant des centres dentaires remonte pas plus loin que cet été où l’ARS de Bourgogne-Franche-Comté avait suspendu deux centres Proxidentaire. Une décision prise « compte tenu de la gravité des manquements à la qualité et à la sécurité des soins constatés », avait-elle expliqué. « L’analyse de dossiers de patients a révélé que des actes de mutilation et de délabrement volontaires ont été effectués sur des dents saines ou sans pathologie notable et sans justification médicale ».