Réduction de la prise en charge des soins dentaires, la profession s'indigne
Ce vendredi 16 juin, la Direction générale de la santé a annoncé qu’à partir du 1er octobre 2023, la prise en charge des soins dentaires par l’Assurance maladie passera de 70 à 60 %. Les syndicats de chirurgiens-dentistes ont immédiatement critiqué cette décision.
Un pas en avant et deux en arrière. En mettant en place début 2021 la réforme du 100 % Santé, le gouvernement semblait enfin vouloir prioriser la santé bucco-dentaire des Français. Les soins dentaires seraient enfin davantage pris en charge par l’Assurance maladie dans un pays où, en 2017, un sondage OpinionWay révélait qu’un patient sur deux avait déjà renoncé à se faire soigner faute de moyens financiers. Et pourtant, ce vendredi 16 juin, la Direction générale de la santé annonce qu’à partir du 1er octobre 2023, la prise en charge des soins dentaires passera de 70 à 60 %. Le déremboursement, estimé à 500 millions d’euros en année pleine, devra être compensé par les mutuelles, assureurs et institutions. Interloqués, les syndicats de chirurgiens-dentistes ont immédiatement critiqué cette décision.
Pour Les CDF, cette annonce est une preuve d’un « désengagement majeur de l’État », une semaine seulement après que le Comident et l’ADF ont publié un manifeste demandant aux pouvoirs publics de s’investir davantage sur le sujet et lancé une consultation nationale. « C’est un très mauvais signal envoyé aux chirurgiens-dentistes à un mois de la fin des négociations conventionnelles avec l’Assurance maladie obligatoires et les organismes complémentaires », alerte le syndicat sur son site Web le 16 juin. « Cette décision unilatérale donne à penser que la santé orale n’occupe pas la même place que la santé générale pour le gouvernement et que la prise de conscience des liens scientifiquement prouvés entre pathologies buccales et maladies telles que le diabète et les pathologies cardiovasculaires ou inflammatoires, n’a toujours pas été faite. »
« Aberrant »
La FSDL « prend acte » de la décision du gouvernement. « Gageons que ce budget créé par calcul arithmétique permette enfin son réinvestissement pour le secteur dentaire dans des projets novateurs, et au bénéfice de la santé orale des patients et assurés sociaux. »
L’Union dentaire, de son côté, dit avoir appris la nouvelle « avec effarement ». « Cette mesure va-t-elle améliorer la santé bucco-dentaire des Français? Non. Cette mesure va-t-elle favoriser la prévention bucco-dentaire? Non. Cette mesure contribue-t-elle à améliorer le pouvoir d’achat dont le Gouvernement s’est fait une priorité? Non », interpelle le syndicat sur son site.
« Il serait aberrant que celui qui a introduit le 100 % Santé et qui a permis aux Français d’avoir un meilleur accès aux soins bucco-dentaires soit le même qui, cinq ans plus tard, prenne la décision inverse avec des conséquences importantes sur la santé future de nos patients », conclut le communiqué.
Des hausses de cotisations à prévoir
Pour le ministère de la Santé pourtant, faire passer de 30 à 40 % le reste à charge des patients, souvent remboursé par les mutuelles, est signe du « début d’une nouvelle donne en matière de prévention et d’un accompagnement des Français ». Et d’après le gouvernement, une autre contribution des complémentaires santé « aux mesures renforçant la prévention » est envisagée, dans la cadre de la négociation de la nouvelle convention dentaire.
Mécaniquement, les complémentaires ont donc déjà annoncé une augmentation des cotisations. Inquiétant quand on sait qu’en 2023, elles ont en moyenne déjà augmenté leurs tarifs de 4,7 %. Les 5 % de patients sans mutuelle devront donc payer de leur poche le reste à charge, soit 40 % de leurs soins dentaires. C’est donc en toute logique que les experts s’inquiètent d’ores et déjà de nouveaux renoncements aux soins dentaires…