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Tours : un chirurgien-dentiste et son assistante poignardés par un patient

Le 17 octobre, un homme a poignardé un chirurgien-dentiste et son assistante à Tours. Cette violente agression bouleverse la profession, qui tire la sonnette d'alarme. 

Par Raphaëlle de Tappie, publié le 25 octobre 2022

Tours : un chirurgien-dentiste et son assistante poignardés par un patient

Un drame qui choque les chirurgiens-dentistes. Le 17 octobre en début d’après-midi à Tours, dans le quartier des Fontaines, un homme de 41 ans fait irruption dans un cabinet dentaire armé d’un couteau doté d’une lame de 30 cm et d’un marteau. L’objet de sa fureur : le doigtier de protection de l’embout de la panoramique que l’agresseur aurait pris pour un préservatif lors de sa dernière consultation. Il porte une dizaine de coups de couteau au praticien de 58 ans. Son assistante de 52 ans qui tente de s’interposer est atteinte à trois reprises. Le récit de l’agression, devant la caméra de France 3 Centre-Val de Loire, est glaçant : « Je lui disais : “Arrête, tu vas me tuer, j’ai des enfants.” Et il me répondait : “Oui je veux te tuer. Tu m’as tué, tu m’as mis un préservatif dans la bouche.” »

L’homme aurait finalement été maîtrisé « par plusieurs personnes à l’intérieur du cabinet médical » (le cabinet est occupé par deux dentistes), puis placé en garde à vue à 14 h 05, des chefs de tentative d’homicides volontaires avec préméditation, selon le procureur de Tours, Grégoire Dulin. Après examen médical, « son état de santé n’a pas été jugé compatible avec une mesure de garde à vue ». Le suspect, jusqu’ici inconnu des services de police et de justice, a été interné en unité de soins psychiatriques. L’enquête a été confiée à la Sûreté départementale de la Direction départementale de sécurité publique (DDSP) d’Indre-et-Loire.

Le lendemain de l’attaque, les victimes, sérieusement blessées, se trouvaient hors de danger mais restaient très choquées par cette agression, révèle France Bleu Touraine qui recueille des témoignages du voisinage effrayé. Elles ne pourront retrouver le chemin du cabinet avant de nombreuses semaines (trois mois d’arrêt de travail pour le praticien, quarante-cinq jours pour l’assistante).

La profession tire la sonnette d’alarme

Sans surprise, cette grave agression a également remué la profession qui n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué du 18 octobre le Conseil national de l’Ordre des chirurgiens-dentistes a exprimé son soutien au chirurgien-dentiste et à son assistante. Il « rappelle que les conseils départementaux et leur référent  » violence  » tiennent à la disposition des praticiens agressés des outils d’accompagnement, mais aussi des outils de prévention pour limiter les risques ».

Depuis quelques années, les violences verbales et physiques à l’encontre des praticiens augmentent en Indre-et-Loire, s’inquiètent les praticiens.  » Un cabinet dentaire ne peut, avec son personnel, exercer dans la peur et l’angoisse d’une agression, dénonce Olivier Landais, président du Conseil départemental de l’Ordre. Cette violence est devenue une réalité qu’il ne faut pas banaliser. « 

Le président du syndicat des chirurgiens-dentistes d’Indre-et-Loire Jean-, Pierre Gallet, s’inquiète des conséquences de ce drame. « Déjà, on est dans des déserts démographiques, une agression comme ça fait que je ne pense pas que des praticiens vont venir s’installer dans ces zones qui ont fort besoin de professionnels de santé », explique-t-il à France Bleu Touraine. À l’heure actuelle, il y aurait 80 % de femmes dans les promotions selon lui. Alors, « s’il n’y a plus de sécurité, comment va-t-on faire pour attirer de futurs praticiens. Doit-on considérer que les futurs cabinets, ce ne seront plus que des grandes maisons de santé avec de la vidéosurveillance ou des vigiles ? Ce ne sont pas des conditions idéales pour avoir une empathie entre un soignant et un soigné », s’interroge le praticien.

Parmi les solutions envisagées par l’Ordre pour mettre à terme à ces violences, l’installation de boutons d’appel d’urgence, voire de caméras de vidéosurveillance. La discussion est en cours avec le gouvernement…