bannière suresmile 990 x 122 px

Ukraine : un dentiste marseillais monte une expédition pour aller chercher des réfugiés

Après avoir appelé aux dons pendant plusieurs jours, Paul Amas, un dentiste marseillais, est parti le 10 mars en bus humanitaire pour aller chercher des réfugiés ukrainiens à la frontière polonaise.

Par Raphaëlle de Tappie, publié le 11 mars 2022

Ukraine : un dentiste marseillais monte une expédition pour aller chercher des réfugiés

« On ne va pas rester les bras ballants, on part en Ukraine jeudi. » En Pologne, la communauté dentaire s’est organisée pour proposer des soins gratuits aux réfugiés arrivant d’Ukraine. Chez nous, c’est un praticien de Marseille, Paul Amas, qui fait parler de lui pour ses initiatives solidaires. Le chirurgien-dentiste a organisé un trajet humanitaire en bus pour secourir les Ukrainiens qui fuient la guerre, relayait France 3 Provence le 8 mars. Après avoir interpellé pendant plusieurs jours les Marseillais sur les réseaux sociaux, ce praticien a réussi à réunir « plus de 90 mètres cube de dons en tout genre ». Il est parti le jeudi 10 mars, accompagné d’un chauffeur professionnel et d’une interprète en direction de Wroclaw en Pologne.

« On ne peut pas rester insensible. On a monté une expédition avec mes contacts rapprochés. On part à la frontière polonaise pour apporter du matos et revenir avec des gens qu’on logera à Marseille ou qu’on déposera où ils voudront en France, on a déjà les contacts. L’expédition part jeudi, on a besoin de choses. Il faut se mobiliser à mort pour les médocs, les couches, les serviettes, les anti-inflammatoires, les antalgiques… je vais vous donner une liste. Il y aura deux points de récupération… », postait Paul Amas le 5 mars sur Facebook avant de donner des détails organisationnels dans une vidéo visionnée par plusieurs milliers de personnes.

Après quoi, le praticien n’a cessé de tenir ses abonnés informés de l’avancée de l’opération. Mardi 8, il a fait un premier bilan des dons récoltés. « Je voudrais remercier tous mes patients et tous mes amis Facebook qui sont venus m’apporter du matos », disait-il en montrant du matériel accumulé dans son cabinet. « Nous allons commencer à charger le bus ce soir », poursuivait-il. Et de donner les détails pratiques de l’expédition. Arrivés à la frontière, « nous récupèrerons les gens et redescendrons en direction de Marseille. En chemin, on s’arrêtera à Strasbourg où on devra s’arrêter neuf heures ». Comme à l’aller, une salle communale sera mise à disposition pour « se reposer, manger ».

« Cette goutte là vous appartient »

Au retour à Marseille, les démarches de préfecture seront simplifiées, assure-t-il, remerciant au passage « les services de la mairie ».  « On a trouvé un logement pour tout le monde. Merci pour tout ça. Je n’en reviens pas de tout ce que vous avez fait. C’est vraiment fantastique. Cet élan est magique », s’enthousiasme-t-il. « Il y en a qui me disent “c’est une goutte d’eau”. Oui c’est une goutte d’eau, mais plein de gouttes d’eau, ça fait une grosse, grosse rivière (…) et cette goutte là vous appartient à vous. »

Mardi soir donc, le bus loué à une société privée, a été rempli de matériel médical et de fournitures pour bébé comme des palettes de couches. Des élèves de CM2 ont participé au tri des colis, a expliqué Paul Amas qui a posté moult photos de l’opération sur Facebook.

« Un grand merci à tous. En quatre jours, nous sommes arrivés à récolter plus de 90 mètres cubes de dons en tout genre, plus de 50 000 euros d’injectables, des médocs qui couvrent toute la chirurgie d’intervention. En quatre jours et autant de nuits, nous avons monté une opération pour apporter ce matériel et revenir avec 49 femmes et enfants, nous aurons aussi deux chats (…) Maintenant pour la première fois depuis quatre jours, je vais pouvoir dormir un peu dans le bus. La vie est une si grande aventure », a-t-il écrit au matin du départ.

Une fois arrivé à Strasbourg, vendredi matin, il a déclaré : « Voilà, nous partons pour la Pologne. Toujours le sourire, mais je sens mon cœur qui commence à se serrer (…) Je vous embrasse comme je vous aime. » Une belle initiative donc, qui ne sera sans doute pas la dernière, le dentiste ayant d’ores et déjà annoncé qu’il effectuerait plusieurs opérations de ce genre si la situation à la frontière ukrainienne continuait de le nécessiter.

Plusieurs opérations solidaires à son actif

Ce n’est pas la première fois que le dentiste marseillais enthousiasme par ses actions solidaires. Il y a quatre ans, il a créé l’opération « Des sourires pour Garibaldi », qui rend visite aux enfants dans les hôpitaux. Fort des contacts réunis par cette association, il a fait appel à son réseau pour aider les soignants pendant la pandémie de coronavirus. Au printemps 2020, il a notamment lancé un appel aux dons sur Facebook pour recueillir des masques de plongée.

Face au manque de masques dont le personnel médical a souffert au début de la crise, il avait eu l’idée de soigner avec des masques Décathlon. « J’aimerais pouvoir apporter au plus vite des masques dans les hôpitaux », espérait-il. Ce masque « est mille fois plus protecteur » que les autres types assurait l’homme, plongeur du dimanche.

Cette idée originale avait ensuite été adoptée par les soignants des hôpitaux marseillais. Elle avait beaucoup fédéré sur les réseaux sociaux et fait parler d’elle dans les médias locaux, comme La Provence.