Déserts médicaux : quand les centres dentaires renforcent l'inégalité d'accès aux soins
Le 1er février, la Drees a publié l’indicateur d’accessibilité potentielle localisée (APL) aux chirurgiens-dentistes en 2021. Les données montrent que les centres de santé dentaires, créés pour élargir l'offre de soins, n'ont pas amélioré la situation...
Les centres dentaires avaient à l’origine officiellement été créés pour pallier un déficit de chirurgiens-dentistes dans certains territoires. Mais, quand les pouvoirs publics ont autorisé leur installation dans des zones bien dotées, les inégalités d’accès aux soins dentaires se sont encore un peu plus renforcées. Preuve en est aujourd’hui avec la dernière publication de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). Le 1er février, elle a publié l’indicateur d’accessibilité potentielle localisée (APL) aux chirurgiens-dentistes en 2021.
« Calculé au niveau de la commune, l’APL (déjà en place pour les médecins et les sages-femmes, NDLR) tient compte de l’offre et de la demande issues des communes environnantes, de façon décroissante avec la distance. Il intègre en outre une estimation du niveau d’activité des professionnels en exercice, sur la base des observations passées, ainsi que des besoins relatifs de soins de la population locale, sur la base des consommations de soins moyennes observées par tranche d’âge », explique la Drees.
Cette dernière se base sur les données de l’Assurance maladie concernant les honoraires remboursables facturés sur l’ensemble de l’année par des praticiens libéraux actifs et ceux salariés en centres. Ces honoraires portent sur les consultations, les soins conservateurs et chirurgicaux, la prévention et les actes prothétiques et de radiologie. L’orthodontie n’est en revanche pas prise en compte.
Conclusion : « L’accessibilité moyenne aux chirurgiens-dentistes et de 59,0 ETP (équivalents temps plein) pour 100 000 habitants en 2021 mais de fortes inégalités d’accessibilité entre les territoires sont observées. En effet, l’accessibilité moyenne des 10 % de la population les moins bien dotés en chirurgiens-dentistes est de 15,3 ETP pour 100 000 habitants. Celle des 10 % les mieux dotés en chirurgiens-dentistes est de 111,0 ETP pour 100 000 habitants, soit une accessibilité 7,3 fois plus élevée. »
Pour la Drees, ces inégalités s’expliquent car la plupart des centres dentaires sont installés dans les territoires les mieux dotés. « En excluant l’activité en centre de santé du champ de l’indicateur, les 10 % de la population les mieux dotés en chirurgiens-dentistes ont une accessibilité moyenne 6,2 fois supérieure à celle des 10 % les moins bien dotés. »
Il y a un an, une étude sur la « Dynamique de création des centres de santé » entre 2017 et 2021 publiée par la Fédération nationale des centres de santé (FNCS) relevait que la plupart des centres de santé s’étaient installés ces dernières années dans les grandes villes et en Ile de France. En effet, « environ 200 des 427 centres créés en Ile-de-France depuis 2017 sont des centres dentaires ».