Lancement d'un livre blanc sur la « sédation consciente par voie intraveineuse au cabinet dentaire »
Actuellement réservée au milieu hospitalier, la sédation consciente par voie intraveineuse pourrait permettre aux praticiens de traiter les patients anxieux du cabinet dentaire, fait valoir l'Ordre dans un Livre blanc paru fin mai.
A l’heure actuelle, un Français sur deux déclare avoir peur de se rendre chez le dentiste. 48% très précisément selon une enquête réalisée par Opinion Way en 2016. Mais pour prendre en charge ces patients, les praticiens ne disposent que de peu d’outils. Pour remédier à cela, l’Ordre et l’Académie nationale de chirurgie dentaire souhaiteraient que, comme dans les pays anglo-saxons, les chirurgiens-dentistes puissent avoir recours à la sédation consciente par voie intraveineuse, en présence d’un médecin-anesthésiste.
« Réelle alternative à l’anesthésie générale, elle permet de procéder à des actes de diagnostic ou thérapeutiques dans un contexte optimal de sécurité à la fois pour le patient et le praticien, et selon un protocole plus allégé », écrit l’Ordre qui, en collaboration avec l’Académie nationale, a dévoilé fin mai un Livre blanc formulant sept propositions pour développer cette pratique dans des cabinets « agrées ». « Avec un encadrement assuré par un personnel formé et dédié », est-il précisé.
Première proposition : inscrire la sédation consciente par voie intraveineuse dans la pratique de la chirurgie-dentaire de ville « selon des protocoles décrits dans ce Livre blanc ». Deuxième : développer cette pratique dans des cabinets autorisés, avec un encadrement réalisé un personnel formé et dédié et en présence d’un médecin anesthésiste-réanimateur. Les conseils de l’Ordre respectifs devraient également mettre en place des contrats d’intervenants « entre les différents acteurs de la sédation consciente par voie intraveineuse ». Par ailleurs, les experts suggèrent de favoriser la création de cabinets dédiés à cette pratique. Ces espaces pourraient être utilisés par divers praticiens, « sous contrat ordinal adapté ».
Des formations spécifiques ?
Autres propositions : instaurer sous l’égide du Conseil national de l’Ordre des chirurgiens-dentistes un processus d’évaluation du dispositif de la pratique, élargir et développer l’apprentissage de cette dernière dans l’enseignement initial « et créer des formations spécifiques post-universitaires destinées à la pratique de ville ». Et pour finir : créer un portail à double entrée destiné à informer les patients et les chirurgiens-dentistes, « facilitant ainsi le rapprochement entre les praticiens et des cabinets autorisés à pratiquer la sédation consciente par voie intraveineuse ».
Très pratiquée en Amérique du Nord, où 10% des actes de chirurgie ambulatoire sont réalisés dans des cabinets en dehors d’un hôpital ou d’une clinique, la sédation consciente par voie intraveineuse se limite actuellement en France au milieu hospitalier. La raison : elle requière des molécules comme le diazépam, le midazolam, le diprivan, le propofol ou l’alfentanil, toutes, mis à part le diazépam, inaccessibles en ville.
Par ailleurs, contrairement aux Etats-Unis qui autorisent aux praticiens de réaliser la SCVI après formation spécifique, chez nous, un médecin anesthésiste-réanimateur doit être présent en cas d’« un éventuel approfondissement de la sédation source de dépressions respiratoires aiguës potentiellement graves ». Enfin, la HAS exige pour cette pratique du matériel spécifique (pharmacie adaptée, matériel de réanimation, supplémentation en oxygène) dont la plupart des cabinets dentaires ne disposent pas.