bannière suresmile 990 x 122 px

Doctolib refuse de percevoir la « taxe lapin »

Le 6 avril 2024, le Premier ministre Gabriel Attal a proposé de mettre en place une « taxe lapin » dès 2025. Doctolib conteste, le ministre insiste.

Par Linda Lam, publié le 11 avril 2024

Doctolib refuse de percevoir la « taxe lapin »

La « taxe lapin » devrait permettre de limiter les rendez-vous médicaux non honorés en prélevant une sanction financière de 5 euros aux patients indélicats. La somme serait retenue par les plateformes en ligne grâce à la saisie des coordonnées bancaires des patients lors de la prise de rendez-vous. Mais la mesure divise.

Doctolib opposé à l’empreinte bancaire avant la prise d’un rendez-vous

Le 10 avril 2024 sur France Inter, Stanislas Niox-Château, le PDG de Doctolib, s’est prononcé contre l’intervention des plateformes pour gérer cette pénalité. Selon lui, « il ne faut pas créer un fardeau administratif nouveau pour les soignants et entraver l’accès aux soins », d’autant qu’il existe 15 % des patients en situation d’illectronisme (difficulté ou incapacité à utiliser les appareils numériques) et 5 % sans carte bancaire.

Il s’interroge sur la gestion des praticiens dont les rendez-vous ne sont pas pris en ligne : « Comment vont-ils faire pour gérer les plaintes et les contestations des patients ? C’est inimaginable d’envisager que les secrétariats vont enregistrer des cartes bancaires. »

Pour le PDG, la responsabilité de la « taxe lapin » devrait incomber à l’Assurance maladie, qui pourrait prélever 5 euros lors du prochain rendez-vous du patient.

Face à ces réticences, Frédéric Valletoux, ministre délégué chargé de la Santé, est intervenu le 13 avril, affirmant que les plateformes, y compris Doctolib, « joueront le jeu » pour implémenter la « taxe lapin » dès janvier 2025. Une loi sera soumise au Parlement « à l’été » ou « à l’automne ».

Des professionnels de santé également mitigés

Côté praticiens, certains se montrent dubitatifs quant à la mise en place de la sanction : comment déclarer cette somme alors que les professionnels de la santé n’ont pas le droit de facturer un acte non réalisé selon le Code de la santé publique ?

Pour beaucoup, se pose aussi la question de l’efficacité d’une pénalité financière dans le domaine de santé : cette décision, laissée au libre arbitre du praticien, ne risque-t-elle pas d’entacher la relation de confiance avec ses patients ?