La Revue d'ODF - N°58-2 : Croissance - Thérapeutique

Le premier article de cette revue, rédigé par Maxime Nakkache et Yves Soyer, fait le point sur les différentes théories concernant la croissance cranio-faciale. Elles sont nombreuses, parfois contradictoires étant donné la complexité du sujet.

Publié le 12 juin 2024

La Revue d’ODF – N°58-2 : Croissance – Thérapeutique

Sommaire

Dans ce numéro de la Revue d’ODF :

Croissance cranio-faciale

1 SOODF, pratique libérale, Montgeron
2 SQODF, ancien AHU PH, pratique libérale, Montgeron

L’étude de la croissance cranio-faciale a toujours suscité des controverses parmi les auteurs. De nombreuses théories ont rendu compte de la croissance cranio-faciale. Son étude est d’une grande complexité et il est encore aujourd’hui difficile de l’aborder de façon exhaustive. La croissance physique correspond à l’augmentation des dimensions corporelles. Le développement correspond à la croissance et à la maturation des différentes fonctions et capacités fonctionnelles. Ces deux processus dépendent de facteurs génétiques, nutritionnels et environnementaux.

Le massif cranio-facial étant le support de fonctions essentielles, la connaissance des principes généraux et de l’évolution de la croissance physiologique est indispensable à la mise en place d’une thérapeutique efficace.

 

Approche biométrique : croissance faciale de l’ enfant de moins de 7 ans, par le traitement d’image

1 PhD en neurosciences, Ostéopathe pédiatrique chargée de recherche SEROPP (Société Européenne de Recherche en ostéopathie Périnatale et Pédiatrique)
2 Directeur d’études émérite EPHE-PSL (École Pratique des Hautes Études – Paris Sciences Lettres) Section : Sciences de la Vie et de la Terre Thématiques : Neurosciences et Sciences cognitives

Dans la littérature internationale, le taux de croissance de la face de l’enfant 7 ans reste largement méconnu. Classiquement seules les mesures radiographiques sont utilisées. Nous avons développé un logiciel autorisant le calcul des différentes dimensions faciales, en utilisant des photographies d’enfants de moins de 7 ans, à partir de 312 photographies. Les dimensions faciales sont calculées sous forme de ratio à partir de trente-sept repères faciaux adaptés au visage des enfants sélectionnés.

Les résultats indiquent que la hauteur de l’étage supérieur facial se réduit en fonction de l’âge et qu’il reste de taille plus réduite chez la fille. L’étage moyen du visage augmente précocement avec l’âge, avec la fonction respiratoire mais il est indépendant du sexe. L’étage facial inférieur augmente en fonction de l’âge, toujours avec un effet significatif du sexe. Les étages faciaux supérieur et moyen ont précocement des rapports similaires à ceux de l’adulte, mais l’étage inférieur reste de taille réduite, cependant son développement montre une évolution plus marquée chez les garçons que chez les filles.

Cette première quantification, non iatrogène, de la croissance faciale des enfants doit être appréciée avec des techniques plus performantes en trois dimensions, telle la stéréolitographie.

 

L’ asymétrie faciale, quelles origines ? la prise en charge ostéopathique

PhD en neurosciences, Ostéopathe pédiatrique Chargée de Recherche SEROPP (Société Européenne de Recherche en ostéopathie Périnatale et Pédiatrique), Avignon

L’asymétrie faciale (AF) ne semble pas être une fatalité quand elle n’est pas liée à une dysmorphose faciale d’origine syndromique. L’AF est, le plus souvent, la conséquence, des contraintes subies in utero et/ou pendant la parturition, voire des déformations crâniennes positionnelles acquises durant les premiers trimestres de vie. Le dépistage de l’AF est essentiel, et ses mesures initiales sont indispensables pour mesurer l’efficacité du traitement pour la réduire. Cet article expose divers cas cliniques infantiles, à divers âges, et la possibilité de leur prise en charge par un traitement ostéopathique pédiatrique dès les premières années et, plus tardivement par un traitement conjoint avec l’orthodontiste. Les résultats exposés semblent liés à l’action mécanotransductrice du traitement proposé.

 

Apport de l’intelligence artificielle dans la prévision de croissance mandibulaire : revue systématique de la littérature

Service d’Orthopédie dento-faciale (UFR de Sciences Odontologiques), Université de Bordeaux

L’orthodontiste intervient principalement auprès d’enfants en cours de croissance. L’examen clinique initial ne fournit qu’une image statique qui doit être interprétée en tenant compte de son évolution potentielle. Une prédiction précise de la croissance mandibulaire, permettrait au praticien d’améliorer le diagnostic, la planification du traitement et ainsi la prise en charge du patient.

De nombreux travaux de recherche ont été menés, basés sur des signes structuraux, des analyses céphalométriques et des valeurs d’agrandissement moyen, mais restent imprécis. Les limites rapportées comprennent principalement une variabilité interindividuelle extrême, des schémas de croissance variables selon l’âge, un manque de signes structuraux caractéristiques avant la puberté, l’utilisation de normes statistiques et de résultats dépendant directement de l’expérience du clinicien. À ce jour, il n’existe aucun consensus sur la meilleure méthode pour prédire la croissance mandibulaire, et l’orthodontiste ne peut se fier uniquement à son intuition d’expert.

Ces dernières années, la combinaison de l’intelligence artificielle (IA) et des sciences cognitives dans le domaine médical a révolutionné l’interprétation des radiographies. Les techniques d’apprentissage automatique (ML) et profond (DL) représentent une approche novatrice grâce à leur capacité à analyser d’énormes volumes de données tout en éliminant les biais humains.

L’objectif de cette revue systématique était d’examiner les différents résultats des prévisions de croissance mandibulaire par intelligence artificielle chez des patients en cours de croissance. Ces résultats suggèrent que nous ne sommes encore qu’aux débuts de l’orthodontie tirant parti du diagnostic et de la prise de décision de l’IA, mais ces modèles de prévision de croissance devraient devenir, dans un avenir proche, des systèmes de support clinique fiables pour les orthodontistes.

 

Croissance et développement dento-craniofacial chez des jumeaux monozygotes

1 Professeur Paris Cité en ODF et Biologie
2 Spécialiste qualifié en orthodontie C.E.C.S.M.O. ancien Assistant

L’étude du développement, chez des jumeaux, montrent des diversités dans leur croissance et développement. L’axe de développement est un instrument qui caractérise ces croissances. Le travail de recherche a particulièrement révélé l’axe de développement de 30°. Pour compléter cette recherche, il est utile de multiplier le nombre de patients.

 

Syndrome de Goldenhar : étiologie, symptômes et croissance

1 Docteur en Chirurgie dentaire
2 Orthodontiste Spécialiste qualifié, Autriche

Le syndrome de Goldenhar est une maladie rare qui affecte la croissance de la moitié de la face. Les principaux symptômes sont la microsomie hémifaciale, les dermoïdes du limbe et les microties mais on retrouve aussi de manière plus occasionnelle des atteintes systémiques cardiaques ou encore rénales. Son étiologie est mal connue mais serait majoritairement sporadique. C’est l’hémorragie de l’artère stapédienne à la cinquième semaine qui serait responsable des malformations. Il en résulterait un défaut de croissance asymétrique d’importance variable en fonction des cas. Le déficit de croissance doit être dépisté au plus tôt et être quantifié afin de proposer un plan de traitement adapté. La prise en charge est bien souvent chirurgicale et précoce pour permettre à l’enfant de s’accepter, même si une seconde chirurgie en fin de croissance est nécessaire dans la majorité des cas. Un cas clinique présentant une atteinte sévère, traité avec plusieurs chirurgies, et un cas frustre, traité avec une prise en charge principalement fonctionnelle, sont détaillés.

 

Cas clinique : Gestion précoce de l’hyperdivergence squelettique

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Docteur en Chirurgie Dentaire Spécialiste Qualifiée en Orthopédie Dento-Faciale Pratique libérale à Paris

L’utilisation de surélévations molaires sur des dispositifs orthodontiques amovibles permet à la fonction masticatrice de transmettre les stimuli de frottements mandibulaires à toutes les dents maxillaires, même celles en inocclusion.

La divergence squelettique peut ainsi se normaliser avec fermeture des infraclusions quelque soit la classe d’Angle.

In memoriam

Yves Soyer

Revue de presse

SQODF