La Revue d'ODF - N°58-3 : Hygiène, prévention en orthodontie
L’époque est aux microbiotes ! La grande presse et les publications spécialisées présentent régulièrement de nouvelles avancées qui illustrent la complexité des interactions entre notre organisme et les milliards de microorganismes qu’il héberge.
- 1. La tétine pour réduire le risque de mort inattendue du nourrisson : pourquoi, quand, comment ?
- 2. Prévention du risque carieux lors d’un traitement orthodontique chez l’enfant et l’adolescent
- 3. Prévention des risques infectieux en ODF. Mise au point : les erreurs et fautes à ne pas commettre
- 4. Prophylaxie et Orthodontie : zoom sur l’espace interdentaire
- 5. La gingivite induite par la plaque chez l’enfant et l’adolescent. Pourquoi il est fondamental de ne pas la sous-estimer et comment la prendre en charge
- 6. Biofilm et Appareils Orthodontiques Amovibles : enquête auprès des patients et images par Microscopie Électronique à Balayage (MEB)
- 7. Revue de presse
Dans ce numéro de la Revue d’ODF :
La tétine pour réduire le risque de mort inattendue du nourrisson : pourquoi, quand, comment ?
Spécialistes qualifiés en ODF. Anciens AHU-PH Paris Cité
L’expression « Mort inattendue du nourrisson » (MIN) a été retenue par le groupe de travail de la Haute autorité de santé (HAS) pour désigner tout « décès survenant brutalement chez un nourrisson de moins de deux ans alors que rien, dans ses antécédents connus, ne pouvait le laisser prévoir ». Malgré un contexte de baisse générale, les taux de décès par MIN demeurent encore élevés notamment en France, avec de grandes disparités interrégionales. L’ harmonisation de la prévention et de la prise en charge doit être recherchée et soutenue. L’ utilisation de la tétine est une des pistes possibles. Elle serait associée à une réduction du risque de MIN. Les auteurs proposent un arbre de prise de décision. Il synthétise les informations à donner aux parents sur quand commencer, comment gérer et quand arrêter le port d’une tétine pour réduire le risque de MIN.
Prévention du risque carieux lors d’un traitement orthodontique chez l’enfant et l’adolescent
1 Département d’Odontologie pédiatrique, Faculté de Chirurgie Dentaire, Nantes, France
2 Département d’Odontologie pédiatrique, Faculté de Chirurgie Dentaire, Université Côte d’Azur, Nice, France
3 Unité d’Enseignement Clinique d’Odontologie pédiatrique, Institut de Médecine Bucco-Dentaire, CHU de Nice, Nice, France
4 Laboratoire MICORALIS, UPR 7354, Université Côte d’Azur, Nice, France
L’orthodontiste joue un rôle dans la gestion de la maladie carieuse chez l’enfant et l’adolescent lors d’un traitement orthodontique. En effet, l’évaluation du risque carieux a été exposée puis l’importance de la détection des lésions carieuses a été mise en évidence ainsi que l’évaluation de leur activité et sévérité. Ensuite, les stratégies préventives à adopter au fauteuil ont été décrites, telles que les scellements de sillons préventifs et thérapeutiques, l’application professionnelle de topiques fluorés, le nettoyage professionnel prophylactique ainsi que l’utilisation d’adhésif contenant du fluor. Pour terminer, les stratégies préventives à adopter au domicile à l’aide de fiches de conseils bucco-dentaires personnalisées comprenant la méthode de brossage, la quantité et le dosage en fluor du dentifrice adaptés à l’âge et au risque carieux de notre patient ont été exposées.
Prévention des risques infectieux en ODF. Mise au point : les erreurs et fautes à ne pas commettre
1 1 SQODF, PU-PH, Chef de Département d’ODF de l’Ecole de Médecine Dentaire, Chef de Service d’ODF et Odontologie Pédiatrique, Hôpital de la Timone Marseille
2 LBA, UMRT24, Aix Marseille Université/Université Gustave Eiffel, Marseille, France
3 SQODF, PU-PH, Responsable Département d’ODF et Unité d’ODF et de Pédodontie (UF Soins des Enfants), Université Côte d’Azur, Faculté de Chirurgie Dentaire, Laboratoire MICORALIS, CHU de Nice, Pôle Odontologie, Nice
4 SQODF, PU-PH, Hôpital de la Timone Marseille
Depuis plusieurs années, nous assistons à une redistribution des pathologies infectieuses, dominée par la recrudescence ou l’apparition de nouvelles maladies virales, associée à un véritable bouleversement des données épidémiologiques. De plus, l’épisode pandémique de 2020 est toujours dans nos mémoires. Il est important de savoir que tout contact avec un liquide biologique contaminé peut être une source d’infection. La salive contient diverses bactéries pathogènes et virus, y compris ceux responsable du SIDA, de l’hépatite et de la grippe. Bien que l’orthodontiste ne pratique généralement pas d’actes sanglants, la salive reste potentiellement infectieuse et la gencive, lorsqu’elle est enflammée, peut saigner spontanément ou à la suite de notre intervention. Sans dévoiler ou spolier le futur rapport de la commission des stérilisations et de prévention de l’Association Dentaire Française (ADF) dirigé par le Dr Philippe Rocher, nous allons dans ce propos nous focaliser sur les erreurs et fautes à ne pas commettre dans notre exercice quotidien.
Prophylaxie et Orthodontie : zoom sur l’espace interdentaire
1 Laboratoire Parcours Santé Systémique, UR4129, Faculté de Médecine, Université Lyon 1
2 Département de Sciences Orale et Maxillofaciale, Université de Rome, « la Sapienza », Italie
L’espace interdentaire constitue une niche écologique unique propice à l’accumulation de biofilm dysbiotique. Chez les adolescents et jeunes adultes, ces espaces abritent des bactéries pathogènes parodontales. L’ anatomie de l’embrasure interdentaire de type I, observée à ces âges, empêche l’accès des dispositifs de nettoyage traditionnels que sont les brosses à dents et les bains de bouche. De même, les bagues et fils orthodontiques peuvent compliquer l’accès aux espaces en impactant l’inflammation et l’hyperplasie des papilles.
Le traitement orthodontique modifie la position des dents et, par conséquent, les espaces interdentaires. Cette dynamique nécessite une adaptation continue des dispositifs de nettoyage. Les brossettes interdentaires calibrées permettent une désorganisation du biofilm sur l’intégralité des surfaces dentaires et gingivales et sont adaptées aux variations anatomiques induites par le traitement.
En conclusion, une hygiène interdentaire adaptée, supervisée et enseignée par des professionnels de santé – orthodontiste et omnipraticien-, est impérative pour prévenir les déséquilibres microbiens, faciliter la cicatrisation et la régénération des tissus gingivaux et osseux, minimiser les complications des traitements orthodontiques pouvant influencer la durée et l’efficacité de la prise en charge. Adaptées aux besoins spécifiques des patients, les brossettes représentent une technique efficace pour réguler la symbiose.
La gingivite induite par la plaque chez l’enfant et l’adolescent. Pourquoi il est fondamental de ne pas la sous-estimer et comment la prendre en charge
1 PU-PH, responsable du département d’odontologie pédiatrique, UFR odontologie, Université de Nice Côte d’azur, CHU de Nice
2 CCU-AH, odontologie pédiatrique, UFR odontologie, Université de Nice Côte d’azur, CHU de Nice
3 PU-PH, responsable du département de parodontologie, UFR odontologie, Université de Nice Côte d’azur, CHU de Nice
La gingivite induite par la plaque (GIP) est la maladie parodontale la plus fréquente chez l’enfant et l’adolescent. Il s’agit d’une maladie inflammatoire résultant de la rupture de l’équilibre entre le biofilm et le parodonte de l’hôte. On parlera de dysbiose bactérienne due à l’accumulation et l’organisation des bactéries en biofilm parodontopathogène. Elle se caractérise cliniquement par une modification de couleur (rouge/rouge violacé), de consistance (molle) et de texture (lisse et vernissée) de la gencive. L’évaluation du saignement au sondage est le seul test diagnostic validé de la GIP. Il est révélateur de son étendue et de sa sévérité. Un examen clinique et une anamnèse ciblée permettront d’identifier les facteurs de risque généraux et locaux responsables de l’étendue et la sévérité de l’inflammation gingivale. La prise en charge commencera par une phase comportementale d’éducation à la santé orale (éducation à l’hygiène buccodentaire, conseils alimentaires, gestion des parafonctions), suivie d’une phase de traitement non chirurgical (débridement) parallèlement à l’élimination des facteurs de risques locaux (traitement des lésions carieuses…) et se terminera par la phase de maintenance avec un suivi régulier, essentiel pour contrôler et éviter toute récidive de la maladie.
Biofilm et Appareils Orthodontiques Amovibles : enquête auprès des patients et images par Microscopie Électronique à Balayage (MEB)
1 SQODF, PU-PH, Responsable Département d’ODF et Unité d’ODF et de Pédodontie (UF Soins des Enfants), Université Côte d’Azur, Faculté de Chirurgie Dentaire, Laboratoire MICORALIS, CHU de Nice, Pôle Odontologie, Nice
2 Etudiant thèse d’exercice en Chirurgie Dentaire, Université Côte d’Azur, Faculté de Chirurgie Dentaire, CHU de Nice, Pôle Odontologie, Nice
3 Ingénieur de Recherche, Université Côte d’Azur, Centre Commun de Microscopie Appliquée, Nice, France
4 PU-PH, Responsable Département de Santé Publique,Université Côte d’Azur, Faculté de Chirurgie Dentaire, Laboratoire MICORALIS, CHU de Nice, Pôle Odontologie, Nice
Introduction : la littérature en matière de procédures d’hygiène appliquées aux appareils orthodontiques amovibles est peu abondante alors que le sujet mérite une attention particulière. L’objectif de cette étude était d’investiguer les procédures d’hygiène employées par les patients porteurs de ces appareils et de visualiser par Microscopie Électronique à Balayage (MEB) le biofilm à la surface de ces appareils (en résine et aligneurs) après vie en bouche. Matériels et Méthodes : des images MEB ont été réalisées sur les appareils amovibles en résine et sur les aligneurs. Parallèlement, une étude, de type observationnelle (enquête), a inclus tous les patients porteurs de ces appareils orthodontiques afin d’analyser leurs procédures d’hygiène. Résultats : les images MEB mettaient en lumière un biofilm, observable à différents stades de maturation, tant sur les appareils amovibles en résine que sur les aligneurs. Concernant l’étude, sur les 40 participants, 90 % brossaient mécaniquement leurs appareils, majoritairement à l’aide de dentifrice (63 %), d’eau (25 %) ou de savon (10 %). Un produit de désinfection (pastille effervescente / bain de bouche) était utilisé par 67 % des patients, en complément ou indépendamment du brossage. Cette technique était principalement appliquée par les patients porteurs d’appareils en résine, et qui démontraient un investissement financier plus important (p = 0,05), possiblement dû à la présence d’un vieillissement avec dépôts (30 %) ou d’une odeur désagréable (18 %). Enfin, la majorité́ des parents estimait que leur enfant était autonome pour l’hygiène de leur appareil bien que, pour la plupart, l’enfant n’avait pas la possibilité́ de nettoyer son appareil à l’école. Conclusion : Les procédures d’hygiène employées sont assez hétérogènes, alors qu’un biofilm semble bien établi sur ces dispositifs orthodontiques.
Revue de presse
SQODF