La prothèse complète avec le numérique
Ce protocole permet en deux rendez-vous cliniques la réalisation de deux prothèses adjointes complètes antagonistes.
Avec la méthode traditionnelle, la prothèse adjointe complète requiert en général quatre à cinq séances de travail au fauteuil (Tableau).
Tableau.
La technique numérique apporte ici encore une solution bien plus rapide que la méthode traditionnelle. Le protocole Evofusion permet en seulement deux rendez-vous cliniques la réalisation de deux prothèses adjointes complètes antagonistes sans pour autant négliger la qualité du résultat.
Cas clinique
Le patient est porteur de deux prothèses amovibles transformées en prothèses complètes lors de l’extraction des dernières dents (Fig.1). La cicatrisation qui est maintenant terminée permet d’envisager la réalisation de deux prothèses d’usage. Le premier rendez-vous clinique consiste au reconditionnement des prothèses existantes, les empreintes, et l’enregistrement de l’occlusion.
Fig.1 : Appareils existants.
Avec les appareils existants, on procède au rebasage fonctionnel des intrados, ainsi qu’au contrôle de la DVO et, si nécessaire, à son rétablissement éventuel. Du matériau Fitt de Kerr préparé à la consistance voulue est déposé dans l’intrados de la prothèse maxillaire. Dès sa mise en bouche, sous légère pression occlusale, le praticien mobilise les joues et les lèvres pour enregistrer les zones d’insertion musculaire (Fig.2).
Fig.2 : Mobilisation des insertions musculaires lors du rebasage.
Le même protocole est réalisé à l’arcade mandibulaire. Il en résulte deux appareils parfaitement réadaptés aux bases osseuses. Cette étape de reconditionnement est indispensable, elle doit être exécutée rigoureusement pour obtenir un résultat parfait. Si une correction de la DVO était nécessaire, le placement entre les arcades de cales en silicone permettrait d’évaluer le résultat dans les repères faciaux habituels (mesure des étages : nasion/base du nez et base du nez/pointe du menton).
L’originalité de cette méthode consiste dans la réalisation durant la même séance de l’empreinte recto verso des deux appareils hors de la bouche du patient (Fig.3).
Fig.3 : Scannage de l’intrados et de l’extrados des appareils.
(© Labocast)
Le praticien scanne d’abord l’intrados de l’appareil en prenant soin d’enregistrer le bord périphérique en débordant légèrement vers l’extrados. Puis en repartant du bord précédemment scanné, l’opérateur continue d’enregistrer l’extrados en direction des dents et surfaces occlusales et de l’intégralité de l’appareil. On obtient ainsi une reproduction de l’appareil en 3D. L’enregistrement de l’occlusion se fait en replaçant les deux prothèses en bouche (avec les cales de DVO si nécessaire) (Fig.4).
Fig.4 : Enregistrement en bouche de l’occlusion.
Fig.5 : Phases de la conception. A : import des empreintes ;
B : création des moulages virtuels.
C, D, E : conception séparée des dents et des bases.
Un bon de commande est établi en indiquant le type de prothèse et en précisant : par la méthode spécifique Evofusion. L’originalité de cette méthode est que la conception est faite par CAO. Le prothésiste positionne les dents et contrôle l’occlusion dans le logiciel de laboratoire. La fabrication se fait par usinage de deux parties distinctes qui seront assemblées ensuite par collage. La base est fraisée dans une galette de résine rose, l’arcade dans une galette de la teinte choisie par le praticien (Fig.6). Les deux éléments sont assemblés (Fig.7), et l’ensemble est à nouveau usiné pour obtenir un état de surface lisse. Un polissage soigneux complète la fabrication.
Fig.6 : Usinage de la base et des arcades.
Fig.7 : Collage des deux parties.
Les prothèses sont expédiées au praticien qui procède à la mise en bouche lors du second rendez-vous (Fig.8, 9).
Fig.8 : Prothèses terminées. (© Gérard Duminil)
Fig.9 : Aspect en bouche. (© Gérard Duminil)
La précision est telle que pratiquement aucune retouche n’est nécessaire et le confort du patient est immédiat. L’avantage d’une méthode numérique est qu’il est possible d’obtenir rapidement un duplicata, à condition bien sûr d’avoir conservé les fichiers de la conception. Cela peut être utile dans le cas d’une prothèse perdue. Il suffit alors de renvoyer les fichiers ou de repasser commande au laboratoire.