Ils ont monté leur cabinet de groupe, épisode 1 : " Savoir créer l'enthousiasme "
PORTRAIT – Dans le premier volet de cette série consacrée au cabinet de groupe, Dentaire365 a rencontré le Dr Pierre-Michel Le Prado, chirurgien-dentiste à la tête d'un cabinet dentaire d'une cinquantaine de collaborateurs. Il nous confie sa recette du succès : une bonne dose de leadership et de communication.
Il a commencé son activité seul, avec une assistante. Il a été l’un des premiers chirurgiens-dentistes en France à créer son cabinet de groupe. Le Dr Pierre-Michel Le Prado dirige le cabinet dentaire C2S à Lorient qui aujourd’hui compte près de 50 collaborateurs, dont 11 chirurgiens-dentistes. Revenant sur son parcours, le praticien révèle un pragmatisme qui a facilité sa vie entrepreneuriale. Un cabinet repose selon lui sur des compétences complémentaires, et non supplémentaires. Étendre les compétences et non les empiler fait pour lui toute la différence. Le chirurgien-dentiste en est convaincu : » Le résultat d’un cabinet est proportionnel à la compétence de l’équipe « .
Son cabinet est ouvert six jours sur sept, sans surcharge, avec la capacité de recevoir les patients en urgence. Un autre avantage d’une équipe grand format est de répondre aux desiderata de ses collaborateurs, à leur tropisme pour certaines disciplines qui permet des » compétences accrues « .
Donner l’opportunité à ses collaborateurs de s’épanouir est une chose, mais développer son cabinet à la taille d’une clinique dentaire en est une autre. » Tout part d’un talent de recrutement « , confie-t-il. Déceler les qualités, les points forts et les points faibles, rend possible la mise en place d’une équipe répondant à la complémentarité recherchée. Sa ligne managériale tient en une phrase : « L’emboîtement des talents constitue une surface cohérente qui porte le projet pour le long terme. » Pour monter un cabinet de groupe, » il faut être un très bon leader et communicant et savoir créer l’enthousiasme « . Tout cela s’apprend, prévient-il, en participant à des séminaires et auprès de personnes expérimentées.
Processus d’innovation constante
Modeste, préférant le mot » trajectoire » à celui de réussite, le praticien insiste sur un atout pour expliquer son parcours exceptionnel de deux décennies : » l’innovation « . » Chaque année le cabinet a innové et progressé » souligne-t-il. Recrutement, mise en place de nouvelles techniques (précurseur sur le sinus lift lorsque le traitement était encore peu répandu) et de prothèse full numérique, création de nouvelles salles de soins, changement de régime juridique… Pour lui, l’expansion d’un cabinet dentaire repose sur un processus d’innovation constante, dans tous les secteurs : technique, financier et managérial. Le sien s’est développé progressivement, avec l’accroissement du même coup de sa surface, aujourd’hui de 1 500 m2 qui abrite un laboratoire où officient dix personnes.
» Un cabinet de prothèse ne se commande pas sur Amazon « , plaisante-t-il, insistant sur l’effort de gestion et de coordination exigé, dans un domaine qui n’est pas le cœur de métier du chirurgien-dentiste. Chez celui qui, à 26 ans, s’était déjà entouré d’un prothésiste, la création d’un laboratoire allait de soi. Il a développé cette activité grâce à une rencontre, et la finesse à déceler un potentiel humain. La délégation de l’activité et la capacité à faire confiance ont permis de cimenter cette création.
« On est obligé d’inventer des solutions »
Lucide, il précise d’emblée que les progrès ne sont pas linéaires. Il a dû passer de nombreuses difficultés, dont l’une, de taille : un incendie qui a mis à l’arrêt son cabinet durant de nombreux mois. De cette épreuve, il confie avoir beaucoup appris : » On est obligé d’être créatif et d’inventer des solutions « . Transcendé par l’enjeu de remettre à flot son équipe, il règle un à un les problèmes pour se relancer. Cabinet provisoire, assurances, enquête, reconstruction : autant d’étapes délicates, pour renouer avec l’activité passée. Le manager confie » travailler avec les faits « , et ses confrères, savoir composer avec les lois, les normes et autres réglementations, sans en tirer de motifs de plaintes… Stoïcien.
Est-ce que cela a changé sa pratique ? Dans le cadre de son exercice en chirurgie implantaire et pré-implantaire, il a pu devenir praticien exclusif avec des correspondants internes. La liberté d’acquérir le matériel que l’on souhaite est aussi une autre force du groupe. Caméras, microscopes, cone beam, assistante dédiée au fauteuil : autant d’investissements dans sa pratique qui sont sans commune mesure comparé à l’exercice en solo. Un positionnement qu’il juge propice à la qualité de la dentisterie que l’on ambitionne.
Les assistantes dentaires ont un véritable rôle
Le praticien estime que les assistantes dentaires qui ont un véritable rôle dans un cabinet est une dimension essentielle de son développement. Il en est aussi convaincu, une entreprise se développe sur une pluralité d’axes. Il fait le constat de cabinets dentaires qui ne parviennent pas à leurs objectifs, fixés sur un cap unique de développement qui peut être certes une expertise, appuyée par un haut niveau de formation, mais freinés par l’emplacement, ou la structure qui ne permettent pas d’accompagner leur croissance.
À son écoute, une formule s’impose : la force tranquille. Le Dr Pierre-Michel Le Prado est de ceux qui s’expriment avec une aisance naturelle et le mot juste. Avec une vision très claire de son parcours professionnel et de ses objectifs, il va à l’essentiel, c’est peut-être cela la recette de son succès. Associée à l’écoute et la bienveillance qui l’ont sans doute poussé à développer une activité de formateur, cent jours par an, à la gestion et organisation de cabinet dentaire. Une autre de ses passions qui lui permet d’épauler ses confrères.
Cabinet de groupe
– Plus de 45 collaborateurs dont 11 chirurgiens-dentistes.
– 1500 m2.
– Selarl.