Dominique Munoz, « Bienvenue chez vous ! »
Quel bilan tirez-vous des précédentes éditions ?
La première année s’est organisée un peu en catastrophe, à l’hôtel Lutetia. Nous nous y sommes pris trop tard, mais nous avons tout de même eu 200 participants. En sept éditions, la Journée des assistantes s’est sans cesse améliorée. 500 personnes et une cinquantaine d’exposants étaient présents l’année dernière, aux salons de l’Aveyron.
Nous sommes désormais autonomes financièrement. L’organisation entièrement bénévole et paritaire, est composée de quatre chirurgiens-dentistes et de quatre assistantes dentaires.
Quel est le programme de cette 7e JNAD ?
Une première précision : nous insistons sur le fait d’avoir toujours un dentiste et une assistante comme conférenciers. Cela parait élémentaire de faire intervenir l’assistante dentaire quand le sujet nous concerne, mais cela n’est pas toujours le cas !
La première conférence de la matinée, présentée par Marie Élodie Belot, sera consacrée à la prévention au fauteuil. Après une pause-café et une visite de l’exposition, le Dr Pauline Chardron Mazière s’intéressera à la prise en charge des personnes en situation de handicap. Le Dr Roland Zeitoun sera le responsable scientifique de la matinée. Après le déjeuner, sous le patronage du Président de séance, le Dr Paul Azoulay, aura lieu une présentation sur le geste infectieux proposée par le Dr Jean-Paul Mangion et sa conjointe, Patricia… qui est aussi son assistante. Le Dr Mangion est désormais le « Monsieur risques infectieux » en France. Qui de mieux pour aborder ce sujet ? Il ne faut pas non plus oublier les ateliers pratiques.
Y-a-il des nouveautés cette année ?
Nous avons prévu cette année une troisième salle, plus petite, pour accueillir une juriste qui a accepté de répondre aux questions des assistantes. C’est quelque chose qui manquait. Que ce soit pour un problème de contrat ou tout autre question, elle pourra consacrer une dizaine de minutes à chacune – les échanges seront bien entendu confidentiels. Il y a notamment des difficultés concernant la durée du temps de travail, car ce sont les heures d’ouverture du cabinet qui sont mentionnées dans le contrat.
Or, cela ne reflète pas toujours le travail effectivement fait, l’assistante étant souvent obligée de venir avant l’ouverture. L’idée n’est pas de développer un esprit revendicateur, mais de mieux se comprendre avec le praticien. Il ne suffit que d’une petite clarification pour repartir sur de bonnes bases.
Que diriez vous à une assistante pour l’inciter à venir participer à la JNAD ?
C’est vraiment leur journée, donc je lui dirais « Bienvenue chez vous ! ». L’événement n’est certes pas une grosse machine comme l’ADF, mais un salon à taille humaine, où elles se sentiront bien. Elles pourront poser toutes les questions qu’elles souhaitent aux conférenciers, aux exposants, rencontrer des directeurs de société… Elles peuvent aussi passer leurs commandes de produits.
Nous avons demandé cette année aux exposants de pouvoir les faire bénéficier des mêmes réductions que celles qui sont proposées à l’ADF. À part ça, elles s’organisent comme elle le veulent. Assister aux conférences, suivre les ateliers, rencontrer les juristes…
Et à un praticien ?
Nous sommes un tandem – je préfère ce terme à celui de duo. C’est mieux si les formations du praticien et de l’assistante se font en commun, et il ne faut pas oublier que la JNAD est une journée de formation. Pour les chirurgiens-dentistes, l’intérêt est de mieux connaître comment les personnes qui les assistent conçoivent leur profession, c’est important. Cette année, nous avons élaboré une sorte de tracé (un peu comme chez Ikea !) pour nous assurer que tous les stands soient bien vus. La visite sera donc très certainement instructive pour vos assistantes. Elles ne louperont rien !
Comment jugez-vous le système de formation actuel ?
Là où les choses ont quelque peu raté, c’est la liaison avec les facultés dentaires comme cela se fait aux États-Unis ou au Canada. Les dix-sept facultés dentaires ont récemment signé un accord pour accueillir les assistantes en fin de formation. C’est une grande avancée. La formation n’a lieu à l’heure actuelle que dans le privé, avec un certificat de qualification à la clef. Mais tout le monde est d’accord aujourd’hui pour dire qu’il faudrait une formation publique avec un diplôme national reconnu au niveau européen – et notamment des cours qui démarrent en début d’année. Une fois diplômée, l’assistante devrait également pouvoir travailler où elle le veut. Je milite également pour un recrutement au niveau bac.
Quelles sont, selon vous, les évolutions souhaitables pour la profession ?
Nous souhaiterions que les assistantes puissent se spécialiser, dès leur formation, en fonction des différentes activités des chirurgiens-dentistes. Il faudrait aussi créer un poste d’hygiéniste à part entière, accessible à l’assistante déjà en exercice, mais bien différencier les deux métiers. C’est pareil pour celles qui se déplacent en Ehpad, il y aurait besoin de modules consacrés à la prothèse, par exemple « réparer une prothèse », « gérer les prothèses »… Or, les textes disposent que l’assistante travaille « sous la responsabilité » du dentiste en toutes circonstances, il faudrait donc organiser l’activité en son absence, hors cabinet. La reconnaissance par le Code de la santé est une grande avancée, mais elle n’est que la première marche vers une reconnaissance de la profession à son juste niveau.