Le numérique au cabinet - Pourquoi et comment investir ?
Comme pour tout investissement il convient de se poser quelques questions : pourquoi investir ? Quel impact pour le cabinet ? Quel impact pour les patients ?
La dentisterie numérique se développe et s’impose peu à peu, plus particulièrement dans des domaines comme la prothèse, l’implantologie ou encore en orthodontie. Imagerie, prise d’empreinte numérique et CFAO dentaire sont une suite d’outils qui ont pris ou vont prendre de plus en plus de place dans la pratique et la vie du cabinet dentaire.
Pour investir sans se tromper dans toutes ces technologies, il convient d’analyser le dévelop-pement du numérique en termes de bénéfice pour le praticien et pour le patient.
Bénéfices pour le praticien
L’investissement conséquent en immobilisation de trésorerie, mais aussi en formation, maintenance, oblige à s’interroger sur le bénéfice que va apporter le nouvel outil au cabinet. De plus, l’impact de l’introduction d’une nouvelle pratique, d’un nouvel outil numérique ne se mesure pas qu’en euros sonnants et trébuchants : c’est toute l’équipe qui va devoir s’adapter, se former.
Nous aborderons pour chacun des outils numériques quel est le bénéfice pour le cabinet, le praticien et son équipe.
Bénéfices pour le patient
Le cabinet n’est pas le seul à bénéficier des dernières technologies, et investir dans les outils modernes doit aussi apporter du confort et de l’efficacité au patient, c’est souvent l’objectif numéro un.
Analysons en détail les trois grandes révolutions numériques au cabinet : l’imagerie, la prise d’empreinte et la CFAO dentaire. Nous laisserons ici de côté les outils de type logiciels, informatique, réseau et autre tablette mis à la disposition du patient en salle d’attente qui n’ont pas ou peu de rapport avec la pratique de la dentisterie en elle-même.
1. L’imagerie
Lorsque l’on parle du numérique au cabinet, le premier outil qui vient à l’esprit est la radio panoramique, l’imagerie 3D et tout ce qui est relatif à l’imagerie extra-orale.
Beaucoup a déjà été dit sur ce sujet, aujourd’hui de mieux en mieux maîtrisé. La première analyse sera réalisée par le vendeur qui saura vous démontrer, chiffres à l’appui, la rentabilité d’un tel investissement. Mais il faut tout d’abord revenir sur les avantages non chiffrés : à commencer par l’amélioration du confort pour le patient qui n’aura pas à chercher un radiologue, se déplacer puis revenir au cabinet. C’est un plus indéniable qui va améliorer l’image du cabinet ainsi que votre efficacité. Enfin, présenter un cliché 3D au patient traduit également une meilleure communication, et facilite par conséquent la prise de décision, avec à la clef un meilleur taux d’acceptation. On le voit, au-delà de l’intérêt seulement clinique d’un cliché panoramique 3D ou cone beam, le présenter à un patient améliore sensiblement la communication… et avec elle l’augmentation du taux d’acceptation de devis globaux. Mais quels sont les coûts d’un tel équipement ? Quelle est la rentabilité ?
2. Prise d’empreinte
Seconde révolution : la prise d’empreinte numérique. Les bénéfices pour le praticien et le patient sont mis en avant par les fabricants : gain de temps pour le praticien qui réalise une empreinte en 3 minutes, gain de temps dans la chaîne de réalisation de la prothèse, inaliénabilité de l’empreinte (le fichier numérique ne s’abîmera pas). Si cela semble évident pour les prises d’empreinte simple, il sera moins aisé de réaliser une empreinte avec un appareil encombrant sur une 16 par exemple. Très bonne transition pour parler des bénéfices pour le patient : à commencer par l’absence de réflexe nauséeux lors de la prise d’empreinte, en passant par la réduction de la durée de l’examen et donc la réduction du stress. Enfin, la prise d’empreinte numérique améliore l’image du cabinet en se dotant d’un outil high-tech, la confiance du patient est améliorée. Dans ces conditions s’équiper semble une évidence, mais qu’en est-il de la rentabilité d’un tel investissement ?
Retour sur investissement
Nous avons abordé les bénéfices pour le praticien et pour le patient. Abordons maintenant le retour sur investissement. Tout d’abord, il convient de préciser que le passage à la prise d’empreinte numérique permet une réduction des coûts indirects ou cachés : suppression des coûts liés à la préparation et expédition de l’empreinte, diminution du coût de réalisation et suppression du coût de la matière première.
Il est indispensable d’avoir une vision globale lorsque l’on parle d’un tel investissement, un simple calcul comptable ne suffit pas. Mais il est tout de même indispensable de se poser la question.
CFAO, indirecte, semi-directe, directe…
La CFAO, la Conception et Fabrication Assistées par Ordinateur des éléments prothétiques concerne tous les cabinets dentaires aujourd’hui. Quel dentiste ne s’est pas vu exposer les avantages de la CFAO dentaire ? Mais finalement, ici aussi quels sont les bénéfices pour le praticien et son cabinet ? Pour la patientèle ? Et qu’en est-il de la rentabilité d’un tel équipement. La CFAO existe sous différentes formes : indirecte, semi-directe, directe :
A/ La CFAO indirecte et semi-directe.
De plus en plus de laboratoires sont équipés d’un système de CAO : conception assistée par ordinateur, de FAO : fabrication assistée par ordinateur ou des deux. Dans le premier cas le laboratoire va scanner le modèle en plâtre et élaborer la pièce prothétique qu’il va envoyer à un laboratoire d’usinage (FAO) qui réalisera la pièce dans un choix non exhaustif de matériaux : céramique feldspathique, zircone, titane, céramique hybride, chrome cobalt, etc.
Dans le cas où le laboratoire est équipé d’un système de CFAO dentaire, il scannera le modèle en plâtre réalisé au cabinet dentaire puis il concevra une pièce prothétique assisté par un ordinateur et un logiciel de modélisation : on parle alors de CFAO indirecte. La plupart des cabinets propose donc ces prothèses réalisées en CFAO, sans pour autant être équipée de matériel numérique et en réalisant des empreintes conventionnelles. C’est le laboratoire qui va faire fonctionner des usineuses alors même que le praticien n’est pas du tout équipé et formé à la CFAO. L’investissement pour le cabinet est ici nul, c’est le laboratoire qui a pris la décision de l’investissement et en assume les conséquences financières. La CFAO semi-directe consiste en la numérisation de la situation par l’intermédiaire d’une caméra d’empreinte optique intra-orale. Le praticien prend une empreinte optique au cabinet en utilisant sa caméra optique, il la valide et fait parvenir le fichier numérique avec sa commande au prothésiste par un simple envoi de fichier électronique. Le laboratoire va concevoir la prothèse numériquement à partir de l’empreinte optique, puis il usinera la pièce. Il ne restera plus au praticien qu’à poser l’élément prothétique une fois celui-ci reçu. Ici les bénéfices pour le praticien, son cabinet et ses patients sont strictement identiques à ceux apportés par la prise d’empreinte numérique. Ajoutons quelques avantages liés à la relation avec le laboratoire : validation possible du design de l’empreinte avant usinage et transmission facilitée des empreintes.
En revanche, la question du retour sur investissement reste difficile à trancher. En effet, l’investissement reste encore élevé et la rentabilisation pour ainsi dire impossible. Pour les travaux unitaires, les laboratoires peuvent se passer de modèle mais ne font que très rarement une distinction de tarif entre le traitement d’une empreinte conventionnelle ou d’une empreinte numérique. Pour les travaux plus complexes, le laboratoire doit faire appel à un modèle réalisé en impression 3D. Le modèle a évidemment un coût : 25 euros. Ce qui ne permet pas au laboratoire d’accorder une remise pour une prothèse réalisée à partir d’une caméra d’empreinte numérique.
B/ La CFAO directe
Ici tout change, la totalité du processus numérique est réalisée au cabinet dentaire, la prise d’empreinte, bien sûr, mais aussi la conception et la réalisation de la prothèse. Cette solution offre la possibilité de faire intégralement la réalisation et la pose d’une prothèse en une séance de soins. Et c’est cette notion de séance unique qui révolutionne le cabinet.
La conception numérique demande de posséder un logiciel dédié, ainsi que de s’équiper d’une usineuse. Cet investissement est conséquent. Mais ce n’est pas le sujet central. En effet, pour réussir le passage à la CFAO directe, il va falloir se former et repenser l’organisation du cabinet en profondeur, il s’agit d’un bouleversement qui, s’il est réalisé dans les règles de l’art, va révolutionner le cabinet dentaire. Nous faisons alors face au cabinet 2.0. : celui de notre siècle, bref, un nouveau métier. La CFAO directe est la combinaison d’un ensemble de technologies et de techniques qui apportera un plus au cabinet et ses patients. La CFAO directe ne fonctionnera que dans le cadre d’une utilisation particulièrement maîtrisée conjuguée à un changement en profondeur du management du cabinet et de la pratique du dentiste. Et c’est le cœur de la question : sommes-nous prêts à une telle révolution ? Et en cas de réponse par l’affirmative : quels moyens mettre en œuvre pour réussir ?
La formation et la transformation du cabinet seront les bras armés de cette révolution. Le contexte actuel va amener les praticiens à – enfin – se poser des questions essentielles sur le métier. De la pression économique va naître de nouvelles pratiques et de l’innovation : il suffit de regarder l’histoire des radiologues ou des pharmaciens pour comprendre que le règlement arbitraire à venir va pousser le métier à se révolutionner. Le frein majeur à la pratique de la CFAO est l’investissement nécessaire à sa mise en place, sans oublier le temps de formation important qu’il faut y consacrer pour maîtriser la technique. Il existe donc un risque financier à l’aventure CFAO pour le praticien. Alors comment calculer le retour sur investissement de la mise en place d’une CFAO directe ? Compte tenu du niveau élevé de l’investissement, une analyse fine des coûts et des recettes prévisionnels ainsi que le calcul du ROI (retour sur investissement) est impérative. La difficulté consiste alors à savoir combien coûte l’existant en matière de prothèse, combien coûtera le projet et quels sont les gains escomptés. Autant d’informations qui nécessitent des indicateurs précis.
Le retour sur investissement se calcule en fonction du nombre de prothèses CFAO réalisées. Le seuil de rentabilité exprime le nombre d’unités minimum nécessaires.