Histoire du dentifrice (XVIIIe-XIXe siècles)
Au début du XVIIIe siècle, des auteurs comme Fauchard, Lécluse, ou Bourdet, dénoncent une négligence concernant l’hygiène dentaire. L’esthétique et l’olfactif prennent le pas sur la santé. Mais l’hygiène dentaire connaît un réel essor. Les produits dentaires se perfectionnent.
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Robert Bunon invente des dentifrices comme l’élixir antiscorbutique, qui renforce les dents, dissipe le gonflement des gencives, prévient les affections scorbutiques et soulage les douleurs dentaires. Fauchard dénonce l’usage des corrosifs (suc d’oseille, jus de citron, esprit d’alun, de vitriol) et les abrasifs (porcelaine, pierre ponce et brique). Il conseille l’emploi de racines de guimauve, de mauve ou de luzerne préparées afin de blanchir les dents. Il décrit des recettes d’opiats avec du corail rouge, de la nacre de perle, des yeux d’écrevisses, de l’alun, du miel de rosat, le tout parfumé d’essences.
Ce siècle voit donc le commerce des dentifrices se développer. Vers 1755, Edme Botot met au point une eau balsamique et spiritueuse, brevetée par la Faculté de médecine. Cette recette – l’Eau de Botot encore commercialisée aujourd’hui – est obtenue par la macération de plantes et d’épices comme la badiane, le clou de girofle, la cannelle, l’essence de menthe avec de l’alcool à 80°. Elle blanchit, conserve les dents et renforce les gencives. Les opiats sont alors banalisés.
Au XIXe siècle, Napoléon démocratise l’hygiène dentaire qui connaît, grâce à lui, un intérêt fulgurant.
L’Empereur dispose à cet effet d’un« Nécessaire à dents ». D’après F. Masson, l’un des plus grands historiographes de Napoléon, l’entretien que ce dernier apportait à ses dents était tel qu’il les avait « toutes belles, fortes et bien rangées. » Il ajoute : « …Il curait soigneusement ses dents avec un cure-dents en buis, puis les brossait longuement avec une brosse trempée dans de l’opiat, revenait avec du corail fin, et se rinçait la bouche avec un mélange d’eau-de-vie et d’eau fraîche. Il se raclait enfin la langue avec un racloir d’argent, de vermeil ou d’écaille. »
En 1814, le pharmacien Cadet de Gassicourt indique qu’un dentifrice doit être composé de substances de dureté moyenne et d’acidité faible.
Quinze ans plus tard, Maury, auteur d’un Traité d’hygiène dentaire, des propriétés et de l’emploi des dentifrices, considère nuisibles les substances acides des dentifrices et l’alun trop fort pour être utilisé sans substance absorbante. Il leur préfère le charbon de bois tendre, la croûte de pain brûlée ou la suie (bons abrasifs, mais avec problème esthétique aux collets), le sel marin (sans défaut), le quinquina ou le tabac râpé, l’iris.
Londe conseille un brossage doux des gencives avec des abrasifs pulvérisés finement, suivi d’une bonne lévigation. Ceci permet d’utiliser de la pierre ponce pilée, de la poudre de corail ou de l’os de seiche sans problème.
En 1867, Bouchut donne la définition suivante des dentifrices : « substances destinées à conserver ou à guérir les dents. Ce sont en général des poudres, des teintures et des opiats. » Ils sont acides, alcalins ou neutres. Bouchut précise des recettes avec les mêmes constituants : des terres absorbantes comme le carbonate de chaux ou le corail porphyrisé, afin d’absorber les odeurs fétides de la bouche, des sels acides, comme l’alun et la crème de tartre, des colorants, comme la cochenille, afin d’accentuer la blancheur des dents, des aromates, comme la cannelle, la rose ou le clou de girofle.
En 1893, le couple Barreau vend le dentifrice américain du chimiste John Walton. Leur fils André apparaît sur les emballages. Email Diamant est né.
En 1897, Roy explique que les dentifrices doivent être astringents.
Il introduit le chlorate de potasse, le borate de soude, le tanin, la poudre de quinquina pour exercer une action tonique sur les gencives.
En 1841, J. G. Rand propose un tube métallique souple en étain pur ou en plomb (breveté).
La société Colgate-Palmolive réalise en 1896 les premiers tubes de dentifrice enroulables.